Encore une fois, les nouvelles règles devant régir l'investissement font débat. Personne ne peut nier la position d'embellie financière de l'Algérie. Cette position devrait lui profiter pour revoir sa copie concernant la politique économique à entreprendre, notamment les investissements et sa vision du partenariat. Par ailleurs, il semble que se dessine une nouvelle volonté politique se traduisant principalement par la mise en place d'un véritable climat économique local qui incite à la production locale et la promulgation de mesures incitatives. Il faut reconnaître que 20 ans après l'ouverture au marché extérieur et en dépit des concessions accordées par l'Algérie pour attirer les investisseurs étrangers, notamment européen, les résultats sont loin de ce qui était attendu. Les investissements directs étrangers (IDE) ne dépassent pas les 3 milliards de dollars. Dans cette optique, il est certes grand temps de trouver les règles adéquates pour réduire la forte dépendance de l'économie algérienne vis-à-vis des exportations des hydrocarbures. Particulièrement quand l'impact de la volatilité des prix pétroliers sur notre économie n'est plus à démontrer. A ce titre, de l'avis des experts algériens, tant que l'Algérie demeurera un paradis pour les gros importateurs, aucune solution ne sera trouvée au problème du développement du pays. A ce propos, les autorités publiques sont censées élaborer une politique économique capable de renverser la situation de la dépendance aux importations, qui ont atteint le montant record de 40 milliards de dollars en 2008. Dès lors, le gouvernement Ouyahia prône le nationalisme économique. La première décision prise a touché les modalités de l'investissement direct étranger. Ainsi, une première instruction impose une majorité à l'actionnariat national dans la répartition du capital de tout projet d'investissement. Ce qui ouvrira la possibilité de récupérer le projet dans le cas de défaillance du partenaire étranger. Il a également été réaffirmé que l'Etat ne peut en aucun cas se retirer entièrement de la sphère économique et laisser libre cours au marché pour s'autoréguler. Les réorientations ont été cataloguées sous le slogan du « patriotisme économique », donnant la primauté à l'intervention de l'Etat et favorisant l'actionnariat majoritaire dans tout projet d'investissement ou dans toute opération de privatisation. Il est donc clair que l'Etat renforce son champ d'intervention dans les divers domaines d'activité pour renforcer le développement de la croissance économique du pays. En outre, et afin d'assainir les activités de commerce extérieur, les pouvoirs publics ont adopté une nouvelle procédure ciblant les entreprises étrangères d'importation. Celle-ci s'inscrit aussi dans le cadre de la nouvelle politique de recentrage du gouvernement destinée à réguler les activités des opérateurs étrangers en Algérie. Désormais, les entreprises étrangères commerciales installées en Algérie devront ouvrir leur capital aux entreprises locales nationales importatrices à hauteur de 30% au minimum. Le ministre du Commerce a affirmé à maintes reprises que «l'Algérie prend ses décisions en toute souveraineté et nul ne peut s'arroger le droit de lui dicter ce qu'elle doit faire». C'est dans l'objectif de protéger l'économie nationale des abus étranger que le gouvernement a décidé de durcir les conditions de l'investissement étranger en attribuant la majorité à l'actionnariat national dans tout projet d'investissement. Cette décision avait été précédée par une nouvelle disposition, exigeant des sociétés nationales et étrangères de réinvestir en Algérie la part de leurs bénéfices exonérée d'impôts. Les autorités avaient également décidé de ne plus vendre de terrains industriels publics aux investisseurs. Ces derniers peuvent seulement obtenir de l'Etat des concessions renouvelables pour implanter leurs projets. Mais la question qui se pose est de savoir si l'Etat ne cédera pas aux pressions extérieures pour revoir toutes ces mesures. En effet, l'inquiétude des partenaires étrangers déjà présents sur le sol algérien, est grandissante depuis juillet 2008. Toutefois, il faut reconnaître que le développement du pays ne peut se faire sans l'apport des investisseurs étrangers, notamment dans le secteur de l'industrie. L'Algérie semble aujourd'hui balancer entre la nécessité des réformes favorables au développement économique national et le respect des normes juridiques nationales et internationales exigées par les investisseurs étrangers. Hamid Si Salem