Les moyens d'introduire l'activité physique adaptée comme "moyen de promotion, d'intégration, d'insertion et de réhabilitation sociale des personnes aux besoins spécifiques" sont débattus au cours d'un colloque international qui se tient à Constantine. Organisée depuis mardi à l'initiative du Centre national de formation des personnels spécialisés des établissements pour handicapés (CNFPH), la rencontre réunit, en plus d'une participation importante d'universitaires algériens, sept professeurs agrégés et experts venus de France et de Belgique. Dans son intervention d'ouverture, le directeur du CNFPH, Mohamed Tahar Boutaghane, a souligné l'importance de ces assises qui offrent également l'opportunité de développer et de maintenir les échanges d'expériences et de développer les actions de recherche dans ce domaine. Dans ce contexte, le chercheur Gilles Bui-Xuan, professeur à l'institut universitaire de formation des maîtres de Lille (France), a consacré sa communication à une "approche sur la méthodologie et la didactique devant être appliquées dans l'encadrement du formateur en activités physiques adaptées". Cet universitaire a notamment fait état de la "nécessité de classifier les genres de sports adaptés" et des "fondements d'une évaluation de l'exercice sportif chez les personnes en situation de handicap ou atteintes de maladies chroniques". Une évaluation, a-t-il ajouté, à l'issue de laquelle des propositions pratiques seront dégagées dans l'éventualité "d'une adoption et une adaptation possible". "Le message que je voudrais faire passer est que les personnes qui ont des besoins particuliers n'ont pas besoin d'une pédagogie particulière, mais seulement d'une attention particulière", a souligné le Pr Bui- Xuan, auteur de quelque 25 ouvrages et pas moins de 300 articles se rapportant à la pédagogie en général ainsi qu'une adaptation de la théorie globale originale à partir du concept de "conation" qu'il a élaboré et développé, au bénéfice des personnes handicapées. Le conférencier a affirmé à ce propos, que si les activités physiques et sportives "représentent un formidable support d'éducation", les sciences de l'intervention "nous en livrent un mode d'emploi général qu'il convient d'appliquer en fonction des spécialités de chacun". "Toute science est d'abord classificatoire et toute intervention passe d'abord par une évaluation", a affirmé ce pédagogue qui a estimé que si "le même outil d'intelligibilité permet de situer à la fois la personne (par une évaluation pertinente) et l'activité (par une classification correspondante) dans une même grille d'analyse, il devient possible de mobiliser la personne dans l'activité en donnant du sens à son action". Pour sa part, le Dr François Brunet, professeur agrégé d'éducation physique au laboratoire de l'université du "Littoral" de Calais (France), et diplômé d'Etat en sociologie et en kinésithérapie, a axé sa communication sur l'évolution de la législation des classifications et des concepts en Activités Physiques Adaptées (APA). Dans son approche, le conférencier a associé l'anthropologie, la sociologie, la législation et les aspects pédagogiques et didactiques dans la prise en charge des activités sportives et physiques adaptées. Le côté humain doit être pris en compte dans l'élaboration des programmes qui doivent pouvoir s'adapter aux capacités et aux désirs de chacun et se décliner, à l'intérieur comme à l'extérieur des établissements, étant donné que l'ouverture sociale est indispensable, a-t-il notamment souligné. Les APA sont un "médium formidable" d'accès à la santé publique, à la vie active et au lien social pour toutes les personnes en situation de handicap, a affirmé le Pr Brunet avant d'évoquer l'importance pour le formateur de tenir compte, dans ces programmes, des aspects démographiques, des ruptures conceptuelles et de l'application pratique pour les personnes polyhandicapées. Le développement du sport adapté a été également l'objet d'une intervention de Faouzi Berchi, conseiller technique et chercheur détaché à la Fédération française du sport adapté de Paris. L'intervenant a affirmé que les activités motrices constituent les fondements des activités physiques et sportives pour les personnes atteintes de déficiences mentales, ce qui nécessite, selon lui, une prise en charge particulière et effective de cette frange de la population souffrant d'un handicap lourd. Outre les communications orales, le programme prévoit trois ateliers de travail axés sur les échanges entre institutions et associations, la méthodologie de conception des programmes de formation didactique adaptée et la place du projet d'activité physique adaptée dans l'institution spécialisée. R.R