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Mustapha Mekidèche. Economiste et vice-président du CNES
« On est encore en désindustrialisation »
Publié dans El Watan le 11 - 10 - 2006

Après plusieurs années d'hésitation, l'Etat entend se doter d'une stratégie industrielle. Peut-on avoir votre avis sur le sujet ?
Pourquoi parler d'une stratégie industrielle maintenant après une décennie de réformes ? Parce qu'au début de ces réformes, certains courants dominants avaient considéré que le marché allait lui-même restructurer l'offre industrielle algérienne de façon spontanée. C'est un peu cette vision de main invisible du marché qui, à la faveur d'une libéralisation de l'économie, allait restructurer l'offre industrielle algérienne. Ces réformes ont été encadrées par le plan d'ajustement structurel. C'était « la mise de l'entreprise publique en autonomie formelle sans que les questions de fond soient traitées ». On s'est aperçu à la longue, à l'issue de l'ajustement, que cette restructuration industrielle n'a pas produit d'effets et qu'il fallait peut-être reconsidérer la démarche. De mon point de vue, je dirai que l'ajustement de cette démarche est le fait qu'il y a eu une stabilisation macroéconomique et une situation financière extérieure excédentaire et même un désendettement. Cette situation est favorable évidemment à un retour des choix publics sur un certain nombre de secteurs, à commencer par l'agriculture. Je vous rappelle le PNDAR qui a eu pour effet, quels que soient les bilans qu'on pourrait faire, de revitaliser l'agriculture et des territoires qui étaient en situation de forte pauvreté. On peut dire ce qu'on veut, mais il y a eu une forme de reprise du secteur agricole en termes d'investissement et de croissance. Il y a eu ensuite l'irruption du secteur privé dans le champ économique mais qui n'a pas pu peser de façon forte sur le tissu industriel. Les formes de propriété privée, je parle du privé local, restent encore faibles, notamment en matière de capitalisation et de capacités managériales et technologiques. Il n'a pas pris la relève. Il restait donc à revenir à un réexamen de la possibilité d'une intervention publique dans l'industrie mais qui soit différente de celle qui prévalait dans le passé, c'est-à-dire dans une économie ouverte. Ce qui marque toute la complexité de la démarche.
Où se situe justement la différence ?
La différence c'est que l'Etat ne va plus gérer dans des logiques qui sont les siennes, autrement dit gérer de façon directe l'ensemble des entreprises industrielles. Ce n'est plus son rôle. Il va agir de façon indirecte sur les branches industrielles pour faire en sorte que l'industrie pèse davantage dans le PNB qu'elle ne l'est actuellement. On est encore en désindustrialisation. On s'aperçoit que les derniers résultats ne sont pas bons non plus. Nous sommes encore à une croissance nulle, légèrement négative, de l'industrie avec un poids qui diminue de 6 à 5% du PNB. Tout cela fait qu'on ne peut pas laisser la situation comme elle l'est actuellement d'autant que nous sommes encore dans un processus qui n'est pas achevé de désengagement de l'Etat et de privatisation des entreprises publiques.
Les entreprises industrielles existantes sont toutes à privatiser. La situation changera-t-elle dans la nouvelle stratégie ?
La démarche des pouvoirs publics, qu'on peut appeler stratégie industrielle ou politique industrielle, est différente de celle qui était sous l'empire de l'économie administrée. Pourquoi ? Parce que, d'abord, nous sommes dans une économie ouverte. Vous ne pouvez pas imposer aux Algériens de consommer des produits locaux de moindre qualité que ceux qui viennent de l'étranger. La démarche, à mon avis, est celle qui ne fait pas de différence entre les opérateurs publics ou privés, y compris pour les IDE. La démarche est segmentée. On ne peut pas appliquer le même traitement à l'ensemble des entreprises. D'ailleurs, cela a été bien analysé dans l'étude Booz Allen qui constitue, de mon point de vue, l'une des références les plus sérieuses dans les études sur l'industrie algérienne des cinq dernières années. Il y a un certain nombre de biens marchands qui coûte trop cher à déplacer d'un pays étranger vers le pays de consommation qu'il va falloir de toute manière produire localement. Je pense, par exemple, aux matériaux de construction, au ciment, au rond béton, etc. Il y a très peu de pays qui ne produisent pas chez eux ce type de produits pour couvrir une demande qui est en hausse. Sur ce type de créneaux, je crois que les logiques marchandes ont bien fonctionné. Il y a un deuxième type de biens marchands ou d'activités qui est fortement internationalisé parce qu'il a besoin de technologies particulières et qui est sur des marchés globaux, et sur lesquels il faut qu'il y ait une alliance, des partenariats avec les groupes dominants. Il y a, enfin, un troisième type d'entreprises sur lesquelles on n'a aucune chance de pouvoir placer le moindre produit en ce sens où nous n'avons pas de spécialisations ni d'avantages comparatifs. C'est le cas par exemple pour l'industrie automobile.
La privatisation était jusqu'ici la seule stratégie des pouvoirs publics pour restructurer le tissu industriel national. Quelle sera justement la place de la privatisation dans la nouvelle stratégie ?
La privatisation était la seule stratégie parce qu'on pensait que le marché allait régler lui-même toutes les questions et restructurer l'industrie de façon compétitive. Cela n'a pas été le cas. Le processus de privatisation est un levier important dans la nouvelle stratégie industrielle.
Les pouvoirs publics annoncent l'élabortion d'une nouvelle stratégie industrielle en pleine phase de négociations avec l'OMC. Cela ne revient-il pas à dire qu'on a placé la charrue avant les bœufs ?
Moi je ne pense pas que cela soit un facteur déterminant pour la simple raison que l'Algérie avait commencé déjà à démanteler de façon forte ses barrières tarifaires en 2001, les réduisant à trois niveaux (5, 15 et 30%). Les ajustements qui restent à faire en la matière auront probablement un coût inférieur à celui qui a été déjà payé et qui vont produire des effets positifs.
L'OMC accorde à ses membres et aux pays négociateurs le droit de protéger certaines branches industrielles identifiées en instaurant une barrière tarifaire de l'ordre de 10%. L'Algérie ne pourra pas bénéficier de cette protection faute de stratégie industrielle…
Je pense qu'il faut voir les choses d'une façon dynamique. Les protections aujourd'hui sont de plus en plus des protections d'une autre nature. Je vous cite un exemple. En Corée du Sud qui est l'un des premiers exportateurs industriels au monde, quand vous voyez la structure de son marché intérieur, elle ne consomme que des produits et des biens de consommation industriels locaux. Ce n'est pas parce qu'elle met des barrières tarifaires élevées aux produits étrangers, mais c'est parce qu'il y a une discipline nationale. C'est dans cette direction qu'il faut voir les choses.
Les pouvoirs publics insistent beaucoup sur les avantages comparatifs qu'offre le marché algérien. Sont-ils pour autant un gage de compétitivité ?
Les avantages comparatifs ne sont réellement des avantages comparatifs que s'ils deviennent des avantages compétitifs. Pour cela, nous devons avoir des partenariats qui nous ramènent de la technologie et un savoir-faire.
Parler de compétitivité, c'est surtout parler de compétences managériales et de mise à niveau des entreprises, deux éléments de compétitivité pour lesquels l'Algérie n'est pas bien lotie…
Cela fait partie justement de la stratégie industrielle. C'est aussi de la responsabilité de l'Etat d'apporter un appui dans la formation et dans l'éducation pour qu'il y ait sur le marché des ingénieurs de qualité, des chercheurs de qualité, des ouvriers, des techniciens, etc. Cela est l'une des priorités. Une des corrélations avec la compétitivité c'est les ressources humaines. Derrière la qualité des ressources humaines, il y a la qualité du système de formation. On parle de plus en plus d'économie fondée sur la connaissance où les facteurs immatériels ont une place importante. Cela fait également partie de la stratégie industrielle. Il doit y avoir des instruments qui puissent soutenir les entreprises pour leur mise à niveau à la fois de leurs équipements et de leurs procédés.
Une politique de mise à niveau existe déjà mais qui, dans les faits, n'a pas donné de résultats probants. S'agit-il d'une autre politique alors ?
La mise à niveau dont on parle n'est pas la mise à niveau version Meda. C'est une mise à niveau qui est extrêmement restrictive. C'est l'ouverture de l'entreprise vers l'environnement international, mais également la formation des hommes. De ce point de vue, je pense qu'il y a beaucoup d'efforts à faire. Cela aussi doit être l'un des éléments pour lequel des instruments doivent être mis en place.
L'autre élément déterminant dans toute démarche ou stratégie nationale est la coordination et la bonne gouvernance. Le fait que c'est le ministère des Participations qui chapeaute l'élaboration de la nouvelle stratégie industrielle au lieu du ministère de l'Industrie ne pose-t-il pas justement problème ?
Moi je pense qu'il y a une cohérence et une synergie gouvernementale à trouver et à encourager. Les instruments de régulation sont aussi entre les mains du ministère des Finances et du ministère de Commerce. Ces instruments sont polyvalents. C'est pour cela qu'il faut régler ces questions de synergie entre les démarches sectorielles. C'est la responsabilité collective par excellence du gouvernement. C'est-à-dire que cette stratégie est celle du gouvernement et non d'un secteur.


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