Les autorités du Honduras ont rejeté vendredi l'ultimatum lancé par l'Organisation des Etats américains (OEA) pour le rétablissement dans ses fonctions du président Manuel Zelaya, destitué par l'armée et la justice dimanche dernier, qui prévoit néanmoins de rentrer dans son pays ce week-end. L'OEA, qui donnait jusqu'à samedi matin au Honduras pour rétablir M. Zelaya et éviter ainsi une suspension de l'organisation régionale, doit se réunir samedi pour tirer les conséquences de ce rejet. Après avoir rencontré les dirigeants de la Cour suprême et du Congrès, qui avaient approuvé la destitution du président et son exil au Nicaragua le 28 juin, le secrétaire général de l'OEA José Miguel Insulza, en mission spéciale au Honduras, a déclaré n'avoir ressenti chez eux aucune volonté de voir M. Zelaya rétabli d'ici samedi. "Nous demandions un retournement de la situation", a expliqué M. Insulza au cours d'une conférence de presse à Tegucigalpa, la capitale hondurienne. "Malheureusement, il faut dire qu'il ne semble pas y avoir la volonté de le faire." Une suspension du Honduras de l'OEA pourrait entraîner d'autres sanctions, susceptibles de bloquer l'aide internationale indispensable à l'un des pays les plus pauvres de l'hémisphère ouest. Plusieurs pays voisins ont déjà des pris des sanctions contre le Honduras, de même que les Etats-Unis, et l'Union européenne qui a rappelé tous ses ambassadeurs. "M. Insulza a demandé au Honduras de rétablir Zelaya, mais le président de la Cour suprême (Jorge Rivera, NDLR) a répondu qu'un mandat d'arrêt avait été émis à son encontre", a déclaré le porte-parole de la Cour Danilo Izaguirre. "L'OEA doit maintenant décider de ce qu'elle va faire." Le secrétaire général de l'OEA a également rencontré les deux principaux candidats à l'élection présidentielle du 29 novembre. Il n'avait en revanche pas l'intention d'être reçu par le président par intérim Roberto Micheletti afin d'éviter toute confusion sur sa mission. M. Micheletti, qui se veut "le président de tous les Honduriens", s'est pour sa part déclaré prêt vendredi à organiser des élections anticipées. "Je n'ai aucun problème ni objection à cela, si cela règle ces problèmes", a-t-il dit, sans mentionner de date. Cette solution n'a toutefois été proposée ni par Manuel Zelaya ni par la communauté internationale. Le nouvel homme fort du pays soutient que l'armée a agi en toute légalité, sur les ordres du Parlement et de la Cour suprême, en renversant le président Zelaya. Ce dernier affirme vouloir rentrer au Honduras ce week-end accompagné notamment par la présidente argentine Cristina Kirchner et son homologue équatorien Rafael Correa. Il a aussi demandé à la lauréate du prix Nobel de la Paix Rigoberta Menchu de l'accompagner. "Pour la paix du pays, je préférerais qu'il ne vienne pas, parce que je ne veux pas qu'une seule goutte du sang d'un Hondurien soit versée", a affirmé M. Micheletti. Le président du Salvador Mauricio Funes, qui a reçu M. Zelaya jeudi soir avant son départ pour un autre pays, affirme que le président déchu s'est engagé à ne pas briguer de deuxième mandat et a renoncé à organiser un référendum constitutionnel autorisant le chef de l'Etat à enchaîner deux mandats. C'est son insistance à consulter les électeurs sur cet amendement qui a entraîné la réaction de la Cour suprême et du Congrès, qui ont jugé l'opération illégale.