Le Honduras s'enfonce dans l'instabilité et la crise politique après le refus des nouvelles autorités de laisser l'avion du président renversé Manuel Zelaya se poser dimanche et le premier mort enregistré dans une manifestation demandant le rétablissement du chef d'Etat déchu dans ses fonctions. La police et l'armée honduriennes se sont déployées dans les rues de la capitale Tegucigalpa dans la nuit de dimanche à lundi pour faire respecter un couvre-feu imposé du coucher au lever du soleil. Parti en avion de Washington dimanche avec l'intention de regagner le Honduras, Manuel Zelaya a finalement dû renoncer, la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Tegucigalpa étant bloquée par l'armée. Malgré les menaces d'arrestation qui pèsent toujours sur lui, il a promis de tenter un nouveau retour lundi ou mardi. Les autorités honduriennes ont de leur côté décidé de fermer l'aéroport pour 24 heures à compter de lundi matin. Des heurts ont éclaté au sol dimanche entre les nombreux manifestants pro-Zelaya rassemblés autour de l'aéroport de Tegucigalpa et les forces de l'ordre, faisant au moins un mort: un homme tué d'une balle dans la tête, selon un photographe de l'Associated Press présent sur place. Au moins 30 autres manifestants ont été blessés, dont une femme poignardée, selon un porte-parole de la Croix-Rouge. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré lundi très attristé par ce premier mort enregistré au Honduras dans les manifestations liées au putsch. Il a exhorté les autorités locales à protéger les civils, ajoutant que ceux-ci devaient pouvoir exprimer leurs opinions sans être menacés. Il a également condamné une nouvelle fois le coup d'Etat contre le président Zelaya. Faute d'avoir pu atterrir au Honduras, le président déchu a mis le cap sur le Salvador. "J'appelle les forces armées du Honduras à baisser leurs fusils", a déclaré M. Zelaya lors d'une conférence de presse dimanche soir, en présence des présidents du Salvador, Mauricio Funes, de l'Argentine, Cristina Kirchner, du Paraguay, Fernando Lugo, de l'Equateur Rafael Correa, et du secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza. Affirmant vouloir "résoudre les problèmes sans violence", M. Zelaya a également appelé les Nations unies, l'OEA, les Etats-Unis et l'Europe a "faire quelque chose" face au nouveau pouvoir "répressif" au Honduras. De son côté, M. Insulza s'est dit favorable "à la poursuite de toutes les ouvertures diplomatiques appropriées". Mais au Honduras, le nouveau chef d'Etat intérimaire, désigné par le Parlement, Roberto Micheletti, a exclu toute négociation tant qu'il n'y aura pas de "retour à la normale" dans le pays. "Nous sommes les vrais représentants du peuple", a-t-il affirmé. Manuel Zelaya a obtenu un large soutien de la communauté internationale après le coup d'Etat qui l'a renversé le 28 juin. L'assemblée générale de l'ONU a ainsi condamné le putsch et l'OEA a de son côté suspendu le Honduras, qui risque désormais des sanctions commerciales et la perte de centaines de millions de dollars en aides de diverses natures. Mais plusieurs présidents latino-américains qui devaient initialement accompagner M. Zelaya lors de sa tentative de retour au Honduras ont finalement renoncé pour des raisons de sécurité. Seuls étaient présents à bord de l'avion du président destitué des conseillers et employés, deux journalistes de la chaîne vénézuélienne Telesur et le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Miguel D'Escoto Brockmann. Le nouveau pouvoir au Honduras a promis d'arrêter M. Zelaya, l'accusant d'actes passibles de la justice pénale, notamment de trahison, et lui reprochant de ne pas avoir mis en application plus de 80 lois adoptées par le Parlement. Il lui reproche également d'avoir voulu organiser un référendum constitutionnel jugé illégal par la Cour suprême. M. Zelaya a été renversé par l'armée et expulsé de son pays le 28 juin, quelques heures avant la tenue de la consultation qui était destinée à l'autoriser à briguer un second mandat. Le président déchu, dont le mandat de quatre ans s'achève normalement en janvier, a annoncé la semaine dernière qu'il renoncerait à organiser ce référendum s'il était rétabli dans ses fonctions.