L'Organisation des Etats américains (OEA) a suspendu samedi soir le statut de membre du Honduras après que ce pays d'Amérique centrale eut ignoré son ultimatun de réinstaller le président Manuel Zelaya évincé du pouvoir dans un coup d'Etat militaire. Une session spéciale de l'Assemblée générale de l'OEA tenue à Washington a adopté une résolution portant sur la suspension immédiate du gouvernement hondurien issu du coup d'Etat militaire. Bénéficiant du soutien des 33 autres membres de l'OEA, M. Zelaya était présent à la réunion qui a duré trois heures. L'Assemblée générale a réagi suivant l'article 21 de la Charte de l'OEA, lequel lui accord la qualité de suspendre le statut de membre d'un pays en cas d'"interruption anticonstitutionnelle de l'ordre démocratique" et lorsque les "efforts destinés à y faire face à cette situaiton par moyens diplomatiques" ont échoué". L'article a été utilisé par l'OEA pour la première fois depuis 1962, quand Cuba s'est vu son statut de membre suspendre en raison de ses relations avec l'ex-Union soviétique. Le secrétaire général de l'OEA, José Miguel Insulza, s'est rendu vendredi à Tegucigalpa, capitale du Honduras, sans avoir réussi à persuader le gouvernement par intérim de ce dernier à restaurer M. Zelaya. Avant son départ du Honduras pour Washington, M. Insulza a annoncé qu'il proposerait la suspension du Honduras du bloc régional. Le gouvernement par intérim du Honduras a par la suite fait part de la décision du pays de quitter l'OEA. Dans une lettre adressée à l'organisation, lue par la vice-ministre des Relations Internationales des nouvelles autorités, Martha Lorena de Casco, le gouvernement par intérim s'est déclaré convaincu qu'au sein de l'OEA, "il n'y a pas de place pour le Honduras, pour les Etats, qui chérissent leur liberté et leur souveraineté". Mercredi, l'OEA avait demandé au gouvernement par itérim du Honduras de restaurer M. Zelaya avant samedi midi sous peine d'être exclu du bloc régional. Les dirigeants au Honduras ont rejeté la demande de l'OEA et affirmé qu'ils ne négocieraient pas la souveraineté du pays. Dimanche dernier, M. Zelaya a été détenu à sa résidence et conduit par force au Costa Rica par des militaires. Le Congrès hondurien a désigné quelques heures plus tard Roberto Micheletti au poste de chef de l'Etat par intérim. Les Nations Unies, l'OEA, l'Alternative bolivarienne pour les Amériques, le Groupe de Rio, l'Union des nations sud-américaines et nombre de dirigeants étrangers ont condamné le putsch au Honduras.