Les nouvelles autorités du Honduras qui ont destitué le président Manuel Zelaya ont résolument engagé le bras de fer avec l'Organisation des Etats américains (OEA), dont elles ont claqué la porte vendredi soir alors qu'elles risquaient fort d'en être exclues le lendemain à Washington. "Nous dénonçons la charte de l'Organisation des Etats américains (...) avec effet immédiat", a annoncé leur vice-ministre des Affaires étrangères, Marta Alvarado, dans une déclaration télévisée au côté du président désigné Roberto Micheletti. À ce jour, l'OEA n'avait écarté qu'un pays : Cuba, suspendu en 1962, et à qui elle vient de rouvrir ses portes. Arrivé vendredi à Tegucigalpa, le secrétaire général de l'OEA, Jose Miguel Insulza, avait conclu dès ses premiers contacts avec la Cour suprême que l'OEA s'orientait vers une "suspension" du Honduras lors de sa réunion samedi à Washington, selon un des diplomates des pays donateurs du G16 avec lesquels il s'est entretenu. Le président de la Cour suprême du Honduras lui avait annoncé que la destitution du président Manuel Zelaya était "irréversible". M. Insulza a qualifié la destitution du président Zelaya de "coup d'Etat militaire" en constatant que le chef de l'Etat désigné Roberto Micheletti et ses amis "n'ont aucune intention de revenir en arrière". L'arrivée de M. Insulza avait fait naître l'espoir d'un début de dialogue, d'autant qu'elle avait été précédée par l'annonce par M. Micheletti qu'il n'avait "aucune objection" à l'organisation d'une élection présidentielle anticipée. C'est la proposition que la communauté internationale souhaitait faire passer comme solution possible à la crise. La présidentielle est normalement prévue le 29 novembre prochain. L'incertitude demeure sur un éventuel retour de M. Zelaya au Honduras pour y retrouver ses fonctions. Il l'avait annoncé pour dimanche, avant de confirmer cette intention, mais sans préciser de date. M. Micheletti et les autorités judiciaires en place à Tegucigalpa l'ont menacé d'une "arrestation immédiate" s'il rentre au Honduras. M. Zelaya, au pouvoir depuis 2006, a été destitué dimanche après avoir été arrêté par des militaires et expulsé du pays pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire sur la possibilité de briguer un second mandat présidentiel, démarche jugée illégale par la Cour suprême. M. Micheletti et les siens sont de plus en plus isolés sur la scène internationale, où ils étaient déjà condamnés par l'ONU, l'Union européenne et la plupart des pays d'Amérique centrale. Plus aucun ambassadeur européen n'est en poste à Tegucigalpa. R. I./Agences