Les dépouilles du Cheikh El-Haddad, artisan de l'insurrection populaire de 1871, et de son fils Cheikh El Aziz, lesquelles reposaient à Constantine, ont été réinhumés, vendredi, dans leur village natal de Seddouk Oufella, à l'issue d'une cérémonie religieuse et d'un hommage poignant. Des milliers de personnes ont assisté à cette cérémonie, rehaussée par la présence du secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine, M. Saïd Abadou, du représentant du président de la République, le secrétaire général de la Présidence, M. Habba El Okbi, du président du Haut conseil Islamique, Cheikh Bouamrane, et du président de l'Association nationale des Zaouïas. Enveloppés dans l'emblème national, les cercueils ont été transportés par des détachements de la protection civile puis inhumés dans un mausolée, construit en hommage à leur mémoire. Un troisième cercueil, dédié au Cheikh M'Hamed, second fils de Cheikh El-Haddad, également figure de proue du soulèvement populaire de 1871, dont le corps n'a jamais été retrouvé, a été symboliquement dressé à l'occasion et mis en caveau aux côtés des deux autres tombes. Cette cérémonie a été célébrée en réponse au voeu du Cheikh El-haddad qui, avant sa mort, a légué une recommandation en sept voeux dont celui de se voir enterré auprès des siens et de ses aïeux. Le président de la République,a affirmé vendredi, que ''Cheikh El-Haddad a choisi, malgré son âge avancé, de mener le djihad et lancer une insurrection qui a gagné l'ensemble du pays. Grâce à sa forte personnalité, à la confiance et à l'aura qu'il a acquises auprès du peuple, Cheikh El-Haddad a opposé à l'occupant une résistance farouche sacrifiant sa vie et inscrivant une page glorieuse de l'histoire de l'Algérie", a écrit le président Bouteflika dans son message à l'occasion de la réinhumation des restes de Cheikh El-Haddad, lu en son nom par M. Habba El Okbi, Secrétaire général de la Présidence de la République. "Dépité, l'occupant s'est acharné contre lui usant de la torture, l'incarcération, l'exil et l'extermination de ceux qui ont pris part à ce soulèvement", a ajouté le chef de l'Etat qui a appelé à se recueillir à la mémoire d'un monument qui a conquis les coeurs grâce à son éloquence et son courage, prêt au sacrifice sans marchandage aucun sur ses convictions intrinsèques découlant du droit de son peuple à la liberté et à la dignité. "La réinhumation aujourd'hui de tes restes, a poursuivi le Président, dans ton pays libéré et ton Etat souverain est la preuve que ton combat et tes sacrifices n'ont pas été vains. Dieu a pourvu le pays, après toi, d'hommes qui ont porté l'étendard du djihad, mus par une foi profonde, des hommes qui ont réalisé leur rêve, celui d'une victoire grandiose par la grâce de Dieu". "Tu as tracé avec tes compagnons, la voie pour les générations qui t'ont succédé, toi qui a dit j'ai planté le laurier sauvage à charge pour les générations futures de l'arroser. C'est la semence du patriotisme et de l'autodéfense avec toutes les composantes que cela suppose comme l'honneur, la dignité, la religion, la langue et l'humanisme", a poursuivi le président Bouteflika. Evoquant toujours les qualités de l'homme, le président Bouteflika a noté: "Te voilà aujourd'hui là où tu voulais être. La volonté des hommes libres et loyaux est une étincelle de la lumière de Dieu qui t'a donné force et sagesse", rappelant que Cheikh El-Haddad est décédé quelques jours seulement après le verdict de cinq années d'emprisonnement prononcé à son encontre. "O toi, héros courageux, les enfants de Novembre te saluent et réalisent ton voeu. Ils ont libéré la patrie, hissé haut le drapeau, édifié le pays et se sont employés à le construire, accédant maintenant à ton souhait. A tes côtés se trouvent tes enfants que tu ne voulais pas que des mains traîtres les séparent, morts ou vivants. Ils sont rassemblés pour t'entourer telles des perles montées sur un collier précieux ". Après avoir indiqué que Cheikh El-Haddad était le dirigeant fin et avisé et le prisonnier révolté qui a défendu sa cause au tribunal et qui a été condamné à l'exil aux confins du monde, le président Bouteflika a précisé : "ton pays te porte encore dans sa mémoire sachant que ta nostalgie pour ce pays ne s'est jamais éteinte. Ton voyage périlleux était à tous points de vue une véritable légende". Cheikh El-haddad est mort en 1873 à la prison du Coudiat à Constantine, deux ans après le début de l'insurrection. En raison de son érudition et de son action dans la Daawa, et son engagement armé, il reste pour beaucoup l'incarnation des idéaux de liberté et de lumière de l'esprit. Ainsi fut l'un des chefs spirituels de la Zaouia Rahmania, les plus influant dans la région. Ouzna Mesroua