Cette année, dans le monde entier, les investissements directs étrangers (IDE) pourraient diminuer de moitié en raison de la stagnation économique, a prévu samedi un responsable de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Cette observation émane de James Xiaoning Zhan, directeur de la division sur les investissements et les entreprises de la Cnuced, lors du Sommet mondial des think tanks qui s'est clôturé samedi à Beijing. Les IDE dirigés vers les pays développés pourraient reculer de 60%, lorsque les IDE dans les pays en développement baisseraient de 25%, a précisé James Xiaoning Zhan. Les IDE mondiaux ont diminué de 54% au premier trimestre de l'année et les fusions transfrontalières ont reculé de 77%, a-t-il déclaré en citant les statistiques de la Cnuced. Selon lui, dans le monde entier, les IDE pourraient continuer à reculer cette année, se stabiliser à la fin de l'année et rebondir en 2010. Concernant le continent noir , l'édition 2009 du rapport sur le développement économique en Afrique, publié le 24 juin, a mis l'accent sur le renforcement de l'intégration régionale. Le même rapport indique que dans cette période de crise économique où la croissance africaine risque de passer des taux de 6% à 7 % qu'elle avait atteint en 2007 à beaucoup moins de 3% en 2009, ainsi l'intégration économique est le meilleurs moyen pour le continent de corriger la faiblesse structurelle de ses économies. L'intégration régionale n'est pas un concept nouveau en Afrique, a-t-il souligné, parlant d'un continent composé de 53 pays, et qui ne compte pas moins de 14 groupements économiques. Il s'est particulièrement félicité des efforts du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa) et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao). Depuis les années 60, le commerce interafricain a connu une croissance de 118% contre 16% en Amérique latine. Toutefois, a précisé le rapport de la Cnuced, il ne représente que 9% du volume total des échanges, alors que le taux est de 18% en Amérique latine, 45% en Asie et 70% en Europe. Les investissements régionaux ne représentent, quant à eux, que 13% en Afrique, contre 30% en Asie. Les raisons de la baisse du volume des échanges en Afrique de 13% à 9% Selon la Cnuced, les raisons de la baisse sont multiples . D'abord la faiblesse des infrastructures lourdes et légères en Afrique. Le transport routier et maritime reste défaillant, dans un continent qui abrite 15 des 44 pays sans littoral que compte le monde. En Afrique, les coûts de transport sont de 130% supérieurs à ceux du reste du monde. De plus, les institutions et règlementations commerciales sont loin de répondre aux besoins des investisseurs. L'intégration régionale en Afrique s'est en effet faite sans une implication massive du secteur privé. En conséquence, le continent continue de souffrir d'un manque de diversité dans les produits offerts. Si l'Afrique n'a pas fait plus d'efforts en la matière, c'est peut-être qu'elle a connu une telle croissance, soit 16% ces 10 dernières années, dans le commerce international, en particulier avec la Chine, qu'elle a eu tendance à négliger les échanges interrégionaux. Mais avec la crise, le continent risque de subir une chute drastique du volume de ses échanges, qui passeraient de 13% en 2007 à 9% en 2009, ainsi qu'une baisse des investissements directs étrangers (IDE), de l'aide publique au développement (APD) et des envois de fonds des travailleurs migrants. Les pertes dues au ralentissement du commerce international auraient pu être largement compensées par le dynamisme du commerce régional, a estimé M. Supachai Panitchpakdi, le secrétaire général de la Cnuced, 40% des échanges régionaux ne sont assurés que par l'Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire et le Nigeria. Mais tous les espoirs restent permis, a dit le Secrétaire général, car la bonne nouvelle est que les trois quarts du commerce sur l'ensemble du continent ont lieu dans la même sous- région, ce qui est un bon point de départ. L'autre bonne nouvelle est que le commerce interrégional est plus diversifié que le commerce international. Si 60% des exportations africaines concernent le pétrole, les exportations interafricaines sont davantage tournées vers les produits agricoles et les biens manufacturés. La régionalisation de l'économie, a souligné le Secrétaire général de la CNUCED, aura un impact évident sur les investissements, la productivité, la diversification industrielle et la compétitivité. Il revient aux dirigeants africains, a-t-il suggéré, de montrer une réelle volonté d'aller de l'avant. Le Secrétaire général a jugé encourageant le fait que le Comesa, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) envisagent une fusion. Il s'en est d'autant félicité que trop de chevauchements caractérisent les différents groupements économiques. Il faudra aussi, a-t-il poursuivi, que les dirigeants africains soient clairs, dans le cadre des accords de partenariats économiques (APE) avec l'Union européenne (UE) sur le type d'appui qu'ils attendent pour leur intégration régionale. S'agissant de la crainte de voir les pays africains s'enfermer dans une nouvelle bulle de la dette pour sortir de la crise actuelle, le Secrétaire général, a d'abord jugé important qu'on cède à ces pays une marge de manœuvre politique pour leur permettre de relancer leurs économies. À moyen terme, a-t-il dit, il faudra bien que les créanciers consentent à restructurer la dette et à envisager des dons plutôt que des prêts. Ouzna Mesroua