Du fait de ses richesses naturelles, l'Algérie sera une importante destination pour les flux des investissements directs étrangers (IDE) à partir de 2004. C'est ce qu'a annoncé, hier à Paris, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) dans son rapport annuel sur l'investissement dans le monde pour l'année 2004, repris par l'APS. Selon Karl P. Sauvant, directeur de la division de l'investissement de la CNUCED, « l'avenir de l'IDE en Afrique pour 2004 et au-delà est prometteur en raison du potentiel de la région en ressources naturelles, du dynamisme des marchés mondiaux des produits de base et de l'amélioration du regard que les investisseurs portent sur la région ». « C'est pourquoi les pays riches en ressources naturelles tels que l'Algérie devraient recevoir plus d'IDE », a-t-il souligné. Alors que les entrées d'investissements directs étrangers (IDE) à l'échelle mondiale « ont diminué en 2003 de 18% pour s'établir à 560 milliards de dollars », l'Afrique en a enregistré une progression de 28% et atteint le niveau de 15 milliards durant la même année. « Une nouvelle croissance devrait être enregistrée cette année », selon la CNUCED. Le rapport note que le continent africain, qui a connu une reprise rapide, après un ralentissement en 2002, a été alimenté par les investissements dans les ressources naturelles et favorisés par des politiques libérales en matière d'IDE qui ont augmenté dans 36 pays et diminué dans 17 autres. En Afrique, « pour la première fois depuis 1999, les entrées d'IDE ont été largement réparties, 22 pays ayant reçu plus de 0,1 milliard de dollars chacun contre 16 pays en 2001 », note la CNUCED qui classe l'Algérie dans le groupe de pays qui a reçu entre 0,5 et 0,9 milliard d'IDE en 2003. A l'échelle mondiale, ce fléchissement des IDE « succède à un effondrement de 41% en 2001, suivi d'une baisse de 17% en 2002 », rappelle la CNUCED, qui note que « le montant des fusions-acquisitions internationales, principal moteur de l'IDE dans le monde depuis les années 1980, s'était également trouvé réduit de 20 % en 2003 ». Selon le même rapport, la diminution des entrées d'IDE « s'est limitée aux pays développés et à l'Europe centrale et orientale (ECO) », tandis que l'IDE à destination des pays en développement a progressé de 9% (172 milliards de dollars en 2003 contre 158 en 2002). « Abstraction faite du Luxembourg, la Chine a été la principale destination mondiale en 2003. » En Amérique latine et aux Caraïbes, « le déclin des IDE se poursuit » avec une diminution, dans 19 pays sur 40, de 3% pour s'établir à 50 milliards de dollars contre 51 en 2002. La CNUCED souligne que « c'est le montant le plus bas des entrées d'IDE sur un an depuis 1995. Cette tendance est selon la CNUCED liée à des facteurs mondiaux tels que la détérioration de la situation économique et des facteurs régionaux tels que les crises financières ». Pour l'Europe centrale et orientale, qui reste « dans l'attente d'un boom », les IDE sont passés d'un niveau record de 31 milliards de dollars en 2002 à 21 en 2003. « Cet effondrement était inattendu », estime la CNUCED dont le rapport table « sur de bonnes perspectives ». Dans ces régions, parallèlement à ces entrées d'IDE en baisse, la CNUCED signale des sorties en hausse, augmentant de 42% en 2003, passant de 5 à 7 milliards de dollars. Les courants d'IDE à destination des pays développés ont reculé de 25%, soit de 490 milliards de dollars en 2002 à 367 en 2003. Aux Etats-Unis, les investissements directs étrangers sont tombés à 30 milliards de dollars. « C'est le niveau le plus bas que ce pays ait connu depuis 1992, et il correspond à un dixième seulement du montant atteint en 2000-2001 », précise la CNUCED. Par ailleurs, « à la différence des entrées, les sorties d'IED des pays développés ont progressé en 2003. Les Etats-Unis ont retrouvé leur place de premier investisseur, qu'ils avaient perdue au profit du Luxembourg en 2002, avec une remontée des sorties des investissements de 32 % en 2003 ». Ces sorties ont baissé dans l'ensemble des pays membres de l'Union européenne ainsi qu'au Japon « principalement dans le secteur des services ». Parmi les moteurs de ces flux, la CNUCED évoque le cas de la délocalisation à l'étranger qui « annonce à l'échelle mondiale un déplacement de l'activité de production », ce qui « va entraîner une nouvelle division internationale du travail dans la production de services ».