Un nombre croissant de gouvernements pourraient être tentés dans les mois à venir d'imposer des restrictions sur les échanges commerciaux si la récession de l'économie mondiale se poursuit, prévient le président de la Banque mondiale. "Les pays à hauts revenus ont subventionné les secteurs en difficultés tandis que les pays à faibles revenus ont recours à des augmentations sélectives des taxes aux frontières", a déclaré Robert Zoellick lors d'une conférence à l'Organisation mondiale du Commerce à Genève. "Ces tendances pourraient rapidement devenir incontrôlables au cours des mois à venir avec la montée du chômage et parce que des pays se sentent obligés de répondre coup pour coup aux politiques des autres", a-t-il ajouté, en soulignant qu'une telle attitude revenait à "jouer avec le feu". Les pays en développement dont l'activité économique dépend d'un petit nombre de produits exportés, comme le Bangladesh ou le Cambodge où le textile représente 75% des exportations, pourraient subir des difficultés sur le long terme si des restrictions sont imposées sur leurs produits, a mis en garde le dirigeant de la Banque mondiale. "Lorsque la croissance mondiale se rétablira, les mesures protectionnistes qui empêchent les pays en développement de bénéficier d'une reprise accentueront les souffrances", a-t-il prévenu. Le commerce est l'un des nombreux éléments sur lesquels la croissance va se construire, a également fait valoir Robert Zoellick. "Le commerce est l'un des premiers secteurs à avoir été décimé par la contraction de la consommation dans les pays à hauts revenus. Mais il sera également l'un des premiers secteurs à se rétablir une fois que l'économie mondiale aura repris son élan", a-t-il dit. "Les pays qui se positionnent aujourd'hui pour bénéficier d'une reprise du commerce accélèreront leur sortie de la récession avec la plus grande rapidité". Egalement présent à Genève, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a estimé que les échanges commerciaux pourraient rebondir "assez rapidement" lorsque l'économie mondiale aura renoué avec la croissance, les exportations américaines en tête. "Le commerce peut reprendre assez rapidement, aussi vite que la croissance, une fois que la reprise débutera dans les pays développés", a-t-il dit, ajoutant que les exportations américaines seraient vraisemblablement les premières à relever la tête et entraîneraient le reste des échanges mondiaux dans leur sillage. Les pays doivent s'organiser pour pouvoir profiter d'un regain d'appétit pour les produits exportés, a souligné le patron du FMI, qui a souhaité que des stratégies commerciales soient mises en place dès à présent.