Les Européens semblent ne pas encore admettre la réorientation de la politique prônée par l'Algérie en matière d'investissement étranger. En effet, après une lettre datée du 12 juin dernier, adressée au ministre algérien du Commerce, El-Hachemi Djaâboub, Catherine Ashton, commissaire européenne au Commerce extérieur, a officiellement exprimé son inquiétude au sujet des mesures prises sur les investissements étrangers et les sociétés commerciales étrangères. La lettre, énumère les mesures prises par l'Algérie qu'elle considère contestables. Il s'agit d'imposer un actionnariat algérien majoritaire dans tous les projets d'investissements étrangers, du fait que la mobilisation du capital doit se faire sur le marché financier local, de l'obligation de dégager une balance en devises excédentaire au profit de l'Algérie durant toute la vie du projet et enfin des 30% de participation algérienne obligatoire dans le capital de toute société étrangère d'importation. En clair, ce qui est contesté, ce sont les circulaires d'Ahmed Ouyahia destinées à mettre en application la "feuille de route" de la nouvelle politique économique algérienne après le discours critique du président de la République en juillet 2008. A ce titre, l'Europe veut passer à l'offensive, en saisissant l' " arbitrage international ", en accusant l'Algérie de non-respect de l'Accord d'association signé entre les deux parties. Une nouvelle parade de la part de l'UE pour mettre de la pression sur l'Algérie, afin de revoir sa copie en matière de politique économique. Mais il faut insister sur un point capital, il s'agit de la souveraineté nationale. L'Algérie est souveraine de prendre toute décision sensée protéger l'intérêt national et l'avenir de toute une nation. Ceci, veut dire, que les " mesures Ouyahia " interviennent pour protéger l'économie nationale des abus étrangers. Il est à souligner, dans ce sillage que la position de force de l'Algérie lui permettra de dicter ses conditions de partenariat. Par ailleurs, le climat entre l'Algérie et l'Union européenne s'est détérioré après l'annonce de l'intention de l'Algérie, de renégocier l'Accord d'association, considéré plus bénéfique aux européens. Il ne faut pas se mentir à soi-même, l'évaluation préliminaire de l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE) donne l'Algérie grand perdant dans la mise en œuvre de l'accord. A ce propos, la balance commerciale hors hydrocarbures de l'Algérie est très déséquilibrée en faveur de l'Union européenne. "Pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars", alors que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE demeurent marginales, elles se sont établies autour de 1 milliard de dollars en 2008, pour cause de contraintes liées à des conditions techniques et réglementaires d'accès au marché européen jugées draconiennes, les importations à partir de l'UE, elles, explosent depuis 2005. Les importations algériennes ont augmenté de près de 80%. En plus de ça, 55% des importations globales de l'Algérie ont désormais pour origine l'UE. Les responsables algériens, notent également, une très faible présence des investisseurs européens en Algérie, notamment dans les secteurs hors hydrocarbures, l'absence d'un dispositif permanent de partenariat et une érosion d'année en année des préférences accordées à l'Algérie en 2002. Les contingents tarifaires accordés par l'Algérie à l'UE dans le cadre de l'Accord d'association ont été, consommés totalement par les pays de l'UE et, à l'inverse, l'Algérie n'a consommé que 6 sur les 41 accordés par l'UE à des taux très faibles qui ne dépassent pas les 10%. Il est à dire aussi, que le partenaire européen n'a pas tenu à ses engagements relatifs notamment à l'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En contrepartie de l'Accord d'association, les Européens devraient aider l'Algérie à accéder à l'OMC, ce qui n'a pas été fait à ce jour. Toutefois, l'accroissement du degré d'ouverture commerciale avec l'UE, qui se concrétise à travers le démantèlement des barrières tarifaires et non tarifaires, va entraîner un déséquilibre budgétaire, d'un côté, et l'augmentation des dépenses publiques, d'un autre. Ajouter à cela, le manque à gagner fiscal et l'accroissement des importations encouragé du fait du démantèlement tarifaire provoquent généralement des déséquilibres importants du solde budgétaire. Yazid Idir