Par B. Chellali Le 15e Sommet du mouvement des pays non-alignés à Charm El Cheikh porte sur dix questions prioritaires et de grands sujets d'actualité. Cela donne à penser de la qualité de son action dans un contexte international nouveau, un sens de la concertation entre les pays du Tiers-monde qui semblent vouloir jouer un rôle important dans le monde… Un engagement de cette envergure repose essentiellement sur le poids des résolutions qui se dégageront du présent sommet. Aussi, est-il intéressant, et certainement nouveau, de voir comment les participants vont se conduire face à la crise financière mondiale, l'énergie, l'agriculture, la sécurité alimentaire et les relations Nord-Sud. Des interrogations qui se posent pour des réponses au mieux aux exigences d'une meilleure émancipation économique et sociale des peuples du Sud. Les non-alignés devront donc prendre conscience de leur force unie pour imposer leur vision d'un monde nouveau ouvert à tous les peuples. A l'ère de la mondialisation et des vicissitudes du XXIe siècle, le Tiers-monde ne saurait trop accepter une interprétation restrictive qui limiterait la "détente" aux pays développés, et vouerait le reste du monde, c'est-à-dire l'écrasante majorité de l'humanité, aux affres de la spéculation, de la globalisation et du protectionnisme aveugle. Une coexistence pacifique qui n'engloberait pas tous les peuples serait dangereuse et sans lendemain. La mondialisation, la guerre, le terrorisme, l'instabilité sociale, les maladies, la pauvreté et la détérioration de l'environnement sont parmi les défis importants auxquels fait face le Tiers- monde. Cela dit, les dirigeants présents à Charm El Cheikh ont l'occasion de montrer leur volonté commune de participer et de contribuer sur un pied d'égalité au règlement des problèmes du monde. La réponse semble trouvée dans les résolutions déjà finalisées sur la base d'une volonté conjointe de prendre part au grand débat sur l'avenir de la planète. L'axe principal du moment est, en fait, le rapport Nord-Sud par un développement extrêmement inégal, géographiquement et socialement, alors que la reprise économique devrait passer par une redistribution du revenu à l'échelle mondiale et non à l'échelle des sociétés occidentales. En réalité, le récent sommet du G8 de L'Aquila, a démontré le refus des pays riches de modifier leurs relations avec le Sud ; cela ne fait que traduire l'un des aspects tragiques de cette relation. La chose doit être entendue par le Tiers-monde pour justement faire face aux défis du contexte international actuel. Les géants du Tiers-monde sont donc les mieux placés pour relever ces défis. Sur un autre plan, les non-alignés doivent se garder de tirer avantage des contradictions entre les Occidentaux, notamment entre les Etats-Unis et l'Europe. Ce serait une illusion, fondée sur la double et discutable idée que les contradictions entre les Etats-Unis et l'Europe sont importantes et qu'elles peuvent amener cette dernière à avoir une politique différente à l'égard du Tiers-monde. En effet, s'il est certain qu'avec l'arrivée de Barack à la Maison-Blanche une nouvelle vision est " concrètement " en marche, que l'Europe est compétitive et qu'elle a une certain penchant pour le Sud, force est de constater que l'offensive américaine pour le rétablissement de son économie en déclin a été un succès avec le soutien du Vieux continent. Les conflits entre l'Europe et les USA sont limités et subalternes. Il y a, par contre, à l'égard du Tiers-monde unanimité, même si chacun essaie de maintenir ses chasses gardées ici et là. Une tendance naturelle, qui parait prévaloir depuis des siècles et qui se traduit de façon dramatique pour tout le Sud.