La canicule qui sévit actuellement en Algérie fait que les systèmes de conditionnement de l'air (climatiseurs, ventilateurs, réfrigérateurs, etc.) fonctionnent à plein régime, contribuant notablement à l'augmentation de la demande et fragilisant considérablement les capacités d'approvisionnement électrique du pays. Selon les explications du groupe Sonelgaz, la hausse des températures a conduit à une sollicitation accrue des moyens de production et à une gestion à flux tendu du système électrique. Les climatiseurs étant fortement répandus dans la majorité des foyers algériens, leur utilisation a induit des pics de consommation exceptionnels durant la semaine du 11 au 17 juillet. Pour pouvoir répondre autant que possible à la forte demande enregistrée, l'Opérateur système électrique (l'OS) a dû solliciter tous les moyens de production disponibles et a adapté la configuration du réseau. En parallèle, l'Opérateur système a veillé à préparer les moyens nécessaires pour faire face à d'éventuels aléas et assurer ainsi l'intégrité du système électrique. Autant dire qu'en seulement une année, l'accroissement de la demande en puissance électrique équivaut à l'alimentation d'une ville de la même dimension que le Grand Alger. C'est dire aussi qu'il faut annuellement une centrale de production supplémentaire de la taille de la centrale de Berrouaghia (500 MW) afin de pouvoir couvrir la demande. Un autre point est également à retenir : la structure de la courbe de charge journalière de consommation en Algérie a complètement changé, confirmant ainsi une tendance observée depuis trois années. En effet, élément nouveau, la pointe matin n'est plus en reste et rejoint en importance la pointe soir. Cet été, les deux pointes matin et soir sont d'ailleurs presque au même niveau. Ce qui veut dire que la consommation d'électricité le jour est devenue tout aussi importante que la consommation électrique en soirée. Ceci confirme l'impact important de l'utilisation massive des climatiseurs qui fonctionnent à plein régime, notamment dans l'après-midi, dans les foyers et les administrations. La pointe du matin est d'ailleurs en forte progression par rapport à juillet 2008. A noter que la puissance maximale appelée s'étale sur une courte durée (2 à 3 heures au maximum) à partir de 19h30 à 20h en été, pour ensuite décroître à partir de 22h00mn. Ceci correspond à ce qui est communément appelé " pointe de consommation " en référence au " pic " de la courbe de charge journalière laquelle représente la modulation de la consommation de tous les clients sur une période de 24 heures. 15MW par minute sont mis sur le réseau pour répondre à la demande Satisfaire la demande en électricité en période de "pointe" nécessite la mobilisation de beaucoup de moyens de production qu'il faut faire vite monter en puissance pour un fonctionnement sur une très courte durée : en seulement deux heures de temps, entre 19h30mn et 21h30mn, la demande croit selon un gradient très fort de près de 30%. Les dispatcheurs (opérateurs de réseau) veillent donc, en période de pointe, à suivre le rythme de montée en production pour répondre à l'augmentation de la demande en mettant sur le réseau en moyenne 15 MW par minute, soit la puissance nécessaire à l'alimentation d'une ville comme Birkhadem (Alger). Ainsi, si des centrales sont en fonctionnement continu pour couvrir la demande dite de "base", d'autres centrales sont sollicitées exclusivement pour fonctionner en "pointe". Aussi, pour assurer la sécurité du réseau, il y a nécessité de disposer d'une réserve mobilisable instantanément ou en léger différé qui sera sollicitée au besoin pour faire face à des aléas conjoncturels tels que la perte de production ou une augmentation inattendue de la demande. En d'autres termes, le taux d'évolution de la demande en période de " pointe " donne une indication sur la nécessité d'investissement et du niveau de puissance installée pour consolider le système électrique et le dimensionner correctement. eci dit, la plupart des coupures qui ont affecté les clients industriels et domestiques, notamment en cette période de canicule, comme celle que connaît l'ensemble du pays, sont la conséquence de la défaillance des réseaux de distribution moyenne et basse tension et non pas à des incidents majeurs, comme l'on a tendance à le croire.L'utilisation massive des climatiseurs et la croissance en profondeur de la consommation des Algériens à des taux exceptionnels de plus de 20% dans certaines régions du Nord et plus de 35% dans certaines régions du Sud, conjuguées à l'importance des actes de piratage et d'agressions, fragilisent les réseaux de distribution, particulièrement les postes de transformation dont la capacité diminue sous l'effet de la hausse des températures. Ceci induit des risques importants d'interruption de l'alimentation électrique, en dépit de la disponibilité des moyens de production et de transport de l'électricité. Nassima Bensalem