Il fallait qu'une manifestation soit déclenchée pour que les habitants de la cité des 720 Logements et celle des 1074 à Aïn Naâdja à Alger puissent avoir de l'électricité au moins 48 heures sans aucune coupure. Hier matin, le calme semblait revenir dans ce quartier qui a vécu, la nuit de lundi à mardi derniers, des émeutes suite aux coupures d'électricité répétitives, avons-nous constaté sur place. Pas de trace de pneus et de poubelles brûlés. Tout est presque nettoyés. Les habitants sont plus au moins rassurés. « Depuis ce jour, nous n'avons plus de coupure durant les journées de mardi mercredi et ce matin », témoigne un habitant du quartier qui pourtant s'attend à des coupures en fin de journée. En plus de la souffrance des habitants privés d'électricité, la réfrigération et la congélation, la climatisation plus que nécessaires en cette période de canicule s'en trouvent perturbées. Autre problème posé : le cas des commerçants. En deux jours seulement, un vendeur de poulets a enregistré 40 000 DA de perte, alors que son voisin pâtissier a perdu 70 000 DA en un jour à cause des coupures de courant. Pour ce dernier, il était embarrassé de ne pas répondre aux commandes de ses clients, des pièces montées et des gâteaux orientaux pour des fêtes. « Ils sont venus à la date prévue pour ne rien trouver. A vous d'imaginer leur surprise », témoigne une vendeuse. A la Cité 1074, 1re tranche, à la pizzeria du coin, les pertes sont également conséquentes. Le patron a perdu en quelques heures de coupures d'électricité la totalité des glaces, soit 3500 DA. « Nous jetons systématiquement la pâte à pizza qui tourne facilement », témoigne-t-il. Les commerçants et les jeunes du quartier rencontrés affirment qu'il était « prévisible et normal que les habitants sortent dans la rue pour afficher leur ras-le-bol. Tout est possible si Sonelgaz continue encore de nous priver d'électricité pendant ces journée caniculaires ». Pour sa part, Sonelgaz tente de justifier ces coupures. Dans un bulletin de presse daté du 21 juillet, l'entreprise explique que « durant la canicule, tous les systèmes de climatisation fonctionnent à plein régime, contribuant à l'augmentation de la demande en énergie électrique et fragilisent considérablement les capacités d'approvisionnement ». « La consommation électrique diurne est devenue tout aussi importante que celle du soir », ajoute-t-on. Et pour satisfaire la demande en électricité en période dite de pointe (de 19 h 30 à 23 h), beaucoup de moyens doivent être mobilisés, selon Sonelgaz. A Alger par exemple, la consommation électrique a augmenté de plus de 20% en une année. Et pour y faire face durant l'été 2009, la distribution de l'électricité et du gaz d'Alger (SDA) avait prévu l'installation de plus d'une centaine de postes électriques qu'elle n'a jamais pu réaliser, faute d'assiettes de terrain dans l'Algérois. Un argument défendu par M. Boutarfa, PDG de Sonelgaz, qui a dit, mercredi dernier, la balle est dans le camp des APC.