Les politiques économiques intégrées dans le cadre de l'UE face à des politiques économiques isolées, désintégrées sur le plan interne, la coopération mutuellement bénéfique est difficilement imaginable. Les pays du Sud, maghrébins particulièrement, n'auront pas l'avantage d'accéder d'abord chacun au marché de l'autre comme cela se fait sur l'autre rive. La relance par exemple de la politique industrielle se fait en cloisonnement au sein du Maghreb. Chacun ignore l'autre et tous ne travaillent pas en complémentarité, ratant ainsi bien des opportunités, alors que la relance recherchée devrait faire la priorité de l'ensemble dans un cadre de concertation. Puisque pour le moment, et pour un bon bout de temps encore, il n'y aura pas de politique économique intégrée dans l'espace magrébin, pour ce qui nous concerne, faudrait-il affecter plus prioritairement les moyens disponibles aux entreprises les plus compétentes, les plus performantes, celles qui pourront réellement s'en tirer à moindres frais sur le marché de la concurrence ou se disperser sur l'ensemble des entreprises existantes, que celles-ci soient grandes ou petites ? Serait-il possible rapidement de construire ces pôles régionaux de développement ou de compétitivité ou d'excellence avec toutes les entreprises retirées de la liste des entreprises privatisables et faire avancer celles-ci en cohérence, alors qu'elles sont entre elles à des stades différents de leur propre développement ? De toute façon, pour qu'il y ait les conditions de succès, il faudrait qu'émergent de nouveaux champions qui constituent ensemble le véritable moteur de la croissance de l'économie et qui puissent tirer les autres vers le haut. Mais, s'occuper uniquement des entreprises classées comme champions car elles enregistrent des taux de croissance supérieurs à celui du PNB serait ignorer la majorité des entreprises qui ont des taux de croissance inférieurs à celui du PNB et qui contribuent au développement beaucoup plus que l'ensemble des entreprises performantes. Dans le monde, ce sont ces petites entreprises, appuyées par les pouvoirs publics et le système financier, qui émergent comme nouveaux champions. On disait de l'Europe qu'en priorisant les grandes entreprises, elle avait généré sept fois moins de nouveaux leaders mondiaux que les Etats-Unis. Aux Etats-Unis, on disait que 19 des plus importantes entreprises sont des PME récentes, alors qu'en Europe les plus grandes existaient déjà durant les années 60. Lorsque les politiques économiques sont intégrées dans le cadre de l'UE et qu'en face, de notre côté méditerranéen, les politiques économiques sont isolées , nos pays maghrébins plus particulièrement, n'auront pas l'avantage d'accéder d'abord chacun au marché de l'autre comme cela se fait sur l'autre rive. N.B.