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L'âge de raison
ALGERIE-UNION EUROPEENNE
Publié dans L'Expression le 22 - 04 - 2007

Il y a cinq ans, l'Algérie et l'Union européenne signaient un accord d'association. Il a été, rappelons-le, signé le 22 avril 2002 à Valence (Espagne).
Du lancement des négociations en 1997 jusqu'à sa signature en 2002, les débats entre les «pour» et les «contre» ont permis, au-delà de la pédagogie et de la vulgarisation du contenu à travers les médias nationaux, de mesurer les capacités de notre pays à s'inscrire dans la nouvelle économie mondiale (la mondialisation), et surtout de lever un certain nombre de vieux tabous culturels fondés par la pensée politique unique, tel celui de l'atteinte à la souveraineté nationale, voire de néocolonialisme, dès que l'on évoque la libéralisation des échanges économiques, la circulation des capitaux, le partenariat de groupes industriels en Algérie...Si ce débat contradictoire était légitime à bien des égards, a-t-il évacué les incompréhensions, les rigidités, voire les méfiances des deux partenaires? L'UE, de son côté, a bien reconnu ses échecs dans la mise en action de cet accord et l'aide qu'elle était censée apporter à son partenaire, l'Algérie. Le Parlement européen a confirmé, au mois de mars, l'échec dans bien des domaines du processus de Barcelone d'une manière générale. Notre pays, quant à lui, par la voix de beaucoup de responsables politiques, donne l'impression que les retards et échecs sont entièrement imputables à l'UE. S'il est vrai que les aides et prêts de l'UE pour l'accompagnement des réformes nationales ont été insignifiants, il n'en demeure pas moins que celles-ci dépendent d'abord et avant tout, de la volonté politique algérienne. L'UE n'a qu'un rôle d'appui et d'assistance. Que ce soit la bureaucratie, l'archaïsme du système bancaire, l'économie informelle, la répartition des investissements, les ratios économiques... pour ne prendre que ces exemples, le pays fait du surplace. Pour preuve, la frilosité des investissements étrangers en dehors des hydrocarbures.
Meda I, Meda II et passe
Pour autant, devons-nous «abdiquer» face aux résistances à une économie qui aspire à être en phase avec la modernité et les exigences du siècle nouveau? Bien sûr que non. Il ne s'agit pas de nous sous-estimer ou de baisser les bras face aux défis qui nous attendent. En politique comme dans la vie, il n'y a point de fatalité. Il s'agit de nous poser les vraies questions sur l'avenir, d'avoir le courage de reconnaître nos erreurs et surtout de lever les tabous politiques qui sont à l'origine de bien de nos manquements. A commencer par celui lié au concept de «libéralisme», compris souvent comme un capitalisme exploiteur du XIXe siècle. Tony Blair et avec son Parti des travailleurs s'affirme libéral de gauche; l'Italien Romano Prodi s'identifie avec toute la gauche qu'il rassemble (y compris les communistes) en tant que libéral; la Belgique est gouvernée par une coalition gauche-droite au nom du libéralisme social; la Hollande, la Suède...autant de nations développées, prospères vivent ce libéralisme social si décrié, parce que, justement, assimilé à l'image ancienne d'un capitalisme sauvage et exploiteur. Comparés aux nôtres, les services sociaux et publics dans ces pays sont d'une autre planète. La solidarité nationale a un sens. Le drame pour nous, c'est que nous pouvons nous en sortir convenablement de la spirale de la violence économique (et politique), pour ne pas dire la spirale de la régression, pour peu que l'on accepte les règles du jeu de la nouvelle économie, parce que l'Algérie a les potentialités d'être un pays développé, moderne et surtout juste. C'est pourquoi il est utile de nous interroger sur l'opportunité qu'offre l'accord d'association avec l'UE, cinq ans après sa signature et un peu plus d'une année après son entrée en vigueur (1er septembre 2005). Mais d'abord, quelle a été l'évolution des termes de cet accord, ou comment avons-nous «consommé» les premières années de ce «mariage» particulier. L'instrument de coopération, le programme Meda, mis en place après la conférence de Barcelone de novembre 1995, a englobé une première période allant de 1996 à 2000. Appelé Meda I, il comprenait une enveloppe totale de 4,685 milliards d'euros pour toute la zone euro-méditerranéenne. L'Algérie a, par exemple, bénéficié de 125 millions d'euros pour la facilité d'ajustement structurel et 57 millions d'euros pour l'appui à la PME. Pour le Meda II qui couvre la période 2000-2006, l'Algérie a bénéficié, pour la période de 2000-2002, de 8,2 millions d'euros pour la modernisation de la police; 5 millions comme projet d'appui aux journalistes. D'autres aides et prêts ont financé, entre 2002 et 2004, la modernisation de l'administration du ministère des Finances; la réforme de la justice; celle de l'éducation nationale; la gestion des déchets solides...D'autres financements pour 2005-2006 pour un montant de 106 millions d'euros ont concerné le management économique (20 millions d'euros); la modernisation administrative (35 millions); la gestion des eaux (20 millions); l'aide aux ONG (10 millions) etc. Nous citons volontairement ces exemples pour illustrer que la coopération, dans le cadre de l'accord d'association, n'a pas été totalement vide de sens. Elle a été insuffisante, certes, mais elle a permis de cerner, en accord avec les autorités algériennes, les domaines prioritaires à booster. Après tout, ce sont les responsables algériens qui identifient la nomenclature des secteurs éligibles à l'aide et aux prêts. A titre comparatif, nos voisins maghrébins comme la Tunisie et le Maroc ont, pour la même période, été éligibles à des enveloppes financières parfois de dix fois supérieures à la nôtre. Parmi les raisons, il y a celle de la frilosité ou le manque de propositions de projets soumis par notre pays. A la question de savoir pourquoi une telle différence entre l'Algérie et nos voisins, un haut responsable de l'Exécutif européen me répondait: «Lorsque les Tunisiens ou les Marocains soumettent 100 projets à la Commission européenne, votre pays l'Algérie en soumet moins de 10 projets. Bougez-vous plus, vous avez plus d'opportunités et de chances». A cette évidence, est-il permis de soutenir encore que les retards dans la politique des réformes en Algérie, ou les dérégulations et déviances de bien de secteurs économiques sont imputables à la seule Europe? Car c'est bien le discours de ceux qu'une restructuration de l'économie aux standards du XXIe siècle dérange, parce que vivant sur la rente, la corruption et le maquillage de la comptabilité pour l'évasion fiscale. Mais alors, comment vont évoluer les choses?
Deux éléments majeurs sont intervenus depuis 2005 - 2006 dans la coopération avec l'UE, et qui vont remodeler en profondeur la nature même de nos relations. Il s'agit du lancement, en 2007, de la nouvelle politique de voisinage (PEV) pensée par l'Europe, et de...la crise énergétique et environnementale qui menace, en premier, l'économie européenne. Alors que l'élargissement de l'UE dans les trois dernières années aux 12 pays d'Europe centrale et orientale, avait porté un coup à l'ambition du processus de Barcelone, et donc à l'intensité de la coopération euro-méditerranéenne, voilà qu'à la faveur du redéploiement stratégique des USA au Moyen-Orient et en Asie mineure, l'UE «répond» par sa PEV. Car cette dernière dépasse le seul cadre du sud de la Méditerranée, pour englober les pays du Moyen-Orient, du Caucase...Il est troublant de voir les similitudes politiques entre la PEV et le projet du Grand Moyen-Orient (GMO) proposé par les USA. Cette nouvelle donne prouve, s'il en est, que l'Europe et les USA conduisent la marche de la mondialisation économique. Face à ce rouleau compresseur, faut-il faire l'autruche et se cacher face au danger, ou affûter ses armes et sa défense? Autrement dit, est-il possible de ne pas faire partie de ce jeu mondial et vivre, si c'était possible d'ailleurs, en autarcie?
La nouvelle donne internationale
C'est pour ces raisons que l'Algérie aspire à ne pas être submergée, noyée par cette vague mondiale. Et elle a les moyens. Mis à part l'élément humain et sa position centrale entre l'Europe et l'Afrique, il se trouve que l'Algérie détient des réserves gazières importantes. Même si ce n'est pas la seule arme de défense, le gaz reste un atout supplémentaire et une base pour une coopération plus bénéfique pour le pays. Les prévisions de l'UE estiment à 36% la part de consommation du gaz algérien à l'orée de 2015 - 2020. C'est un gage de confiance important de l'Europe vis-à-vis de l'Algérie. Car même avec une garantie des autres fournisseurs comme la Russie, ou certains pays d'Asie mineure, le gaz algérien sera toujours nécessaire pour l'UE, tant par l'avantage de ses coûts que sa disponibilité. Mais ces avantages (naturels?) ne suffisent pas, à eux seuls, à garantir au pays un développement cohérent et un niveau de vie appréciable. Nous avons l'expérience du passé où l'on consommait, au sens plein du terme, la rente du pétrole. Il a suffi de la crise de 1987, pour que nous ayons les émeutes d'Octobre 1988. Allons-nous répéter la même erreur stratégique avec le gaz? Bien des choses ont changé depuis. Le contexte politique national (le pluralisme) offre, malgré ses insuffisances, une autre manière de gérer la rente des hydrocarbures. Ce qui reste, en fait, c'est la volonté politique et une vision sur le moyen et long terme des plans nationaux de développement. Cela n'est possible qu'avec de sérieux managers dans tous les rouages de l'économie nationale. Le libéralisme social, l'esprit d'imagination, de création, d'ambition avec sa part de risques pour créer la dynamique du développement. Il libère l'initiative du capital (du carcan administratif) avec l'objectif de création d'emplois, d'encouragement à la consommation, de revenus fiscaux pour l'Etat...La doctrine libérale sociale contenue dans l'accord d'association avec l'UE n'a pas pour seul but l'exploitation et la spoliation des richesses des pays partenaires. Ce n'est pas plus qu'une coopération classique, avec la particularité (mondialisation oblige) de fixer entre les partenaires un cadre général de solidarité et des buts pour chacun. Là encore, le rôle des politiques, des médias et des grandes écoles est plus que primordial pour un travail de vulgarisation et d'explication plus poussé, de cette nouvelle forme de coopération internationale. En un mot, prendre conscience que nous ne sommes pas seuls au monde, et que nous ne pouvons vivre en marge des exigences de ce troisième millénaire.


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