Mahmoud Ahmadinejad a prêté serment, hier, devant le Parlement iranien (Majlis) qui l'a officiellement investi pour son deuxième mandat présidentiel de quatre ans après le scrutin contesté du 12 juin. "Je jure ici par Dieu tout puissant de protéger le système de la Révolution islamique et la Constitution, je ne m'épargnerai aucun effort pour sauvegarder les frontières de l'Iran", a dit Ahmadinejad. Dans son discours d'investiture essentiellement axé sur la politique étrangère, Ahmadinejad a appelé à l'unité nationale et dénoncé les ingérences étrangères mais sur un ton moins va-t-en-guerre qu'à l'accoutumée. Dans un discours du 16 juillet, il réaffirmait la volonté de l'Iran de poursuivre son programme nucléaire et exigeait des excuses des Etats-Unis pour leur ingérence dans les élections iraniennes. Mercredi, il s'est tout de même laissé aller à une allusion aux Etats-Unis et à l'Occident accusés par Téhéran de soutenir le mouvement de protestation conduit par les réformateurs. "Certains pays n'ont pas reconnu ces élections ni ne nous ont adressé leurs félicitations. Ils ne respectent pas les droits des autres nations et pourtant ils se prétendent eux-mêmes être le mètre-étalon de la démocratie. Personne en Iran n'attend de félicitatons de personne", a souligné Ahmadinejad sous l'applaudissement des parlementaires. "Joignons nos mains alors qu'ensemble nous allons de l'avant vers les objectifs que nous nous sommes fixés", a poursuivi le nouveau président iranien en guise d'appel à l'unité nationale alors que la contestation intérieure post-électorale ne faiblit toujours pas. Sans faire directement allusion aux manifestations de protestation contre sa victoire électorale au détriment des réformateurs, Ahmadinejad a réaffirmé que son gouvernement "ne tolérera aucune violation de la loi". "Nous ne resterons pas silencieux, nous ne tolérerons pas l'irrespect, les interférences destructrices et les insultes", a encore dit le président iranien au cours de cette cérémonie à laquelle assistaient les hauts responsables laïcs et religieux du pays mais qui a été boycotté par les chefs de l'opposition et les parlementaires modérés. Avant cette investiture devant le Majlis, le Guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, avait officiellement validé lundi la réélection d'Ahmadinejad. Voulue comme un signe d'unité du régime, la cérémonie avait, là aussi, été boycottée par les partisans les plus en vue des réformes. Mardi, plusieurs blogs et sites Web réformateurs avaient appelé les Iraniens à manifester devant le Majlis pendant cette cérémonie d'investiture et de prestation de serment. Des centaines de policiers ont été déployés autour du Parlement tandis que les grilles d'une station de métro proche sont restées fermées. L'opposition réformatrice affirme qu'Ahmadinejad a volé le scrutin présidentiel du 12 juin. Au moins 30 personnes ont été tuées dans les violences qui ont suivi ces élections.