Alors que Mahmoud Ahmadinedjad doit être officiellement investi aujourd'hui pour un second mandat à la tête de l'Iran, après la cérémonie d'adoubement par le guide de la Révolution islamique, le vrai pouvoir en Iran, les autorités n'ont pas manqué de médiatiser le procès d'une centaine de personnes accusées d'avoir participé aux manifestations du mois de juin. Le régime iranien entend ainsi régler ses comptes avec ses opposants et tourner la page des troubles qui ont suivi la réélection d'Ahmadinedjad. La victoire du chef de l'Etat sortant lors du scrutin du 12 juin est contestée par son principal adversaire Mirhossein Moussavi, et tous les ténors du camp réformiste. Clairement dans le camp de l'opposition, deux anciens présidents de la République islamique, Akbar Hachémi Rafsandjani et Mohammad Khatami, ont, contrairement aux usages en cours, boycotté la cérémonie de confirmation de Mahmoud Ahmadinedjad par Ali Khameneï. Après la cérémonie, des partisans de Moussavi se sont dirigés vers une place du centre de Téhéran où ils entendaient protester. Mais les policiers antiémeute et les miliciens bassidjis étaient présents sur les lieux pour empêcher tout rassemblement. Ahmadinedjad prêtera serment devant le Majlis, dominé par les députés conservateurs, auquel il aura la rude tâche de présenter un nouveau gouvernement allant au-delà de son cercle restreint de collaborateurs. Outre que sa légitimité est contestée par Moussavi et l'ex-président du Majlis Mehdi Karoubi, autre candidat réformiste malheureux le 12 juin face à lui, Mahmoud Ahmadinedjad fait en effet face à une fronde dans propre camp pour avoir tenté d'imposer le père de sa bru comme premier vice-président. Une partie de l'establishment chiite conteste non seulement les conditions de sa réélection mais aussi la gestion du pays face aux émeutes populaires qu'elle a déclenchées, ébranlant les fondements-même du régime, pour la première fois en 30 ans d'existence. Il aura encore besoin de tout le soutien de Khameneï pour faire approuver son prochain gouvernement, privé de deux de ses ministres politiques clés depuis la polémique au sujet de la vice-présidence, celui du Renseignement, limogé, et celui de l'Orientation islamiste, démissionnaire. Outre la volonté de l'opposition de poursuivre sa lutte, le président iranien doit également gérer les tensions au sein de l'élite politico-religieuse du régime islamique. Sans compter les pressions étrangères à propos du nucléaire iranien. D. B.