Une étude est menée par des experts de la Banque mondiale, au sein de certaines des plus grandes économies de la région de l'Amérique latine, en termes de création d'emplois des divers plans de relance fiscale mis en œuvre, notamment au Pérou, en Argentine, au Mexique et au Brésil. Selon cette étude, intitulée "Investissements dans les infrastructures et potentiel de création d'emplois", les outils fiscaux sont en mesure de créer au moins deux millions d'emplois par an dans le secteur des travaux publics, lequel constitue l'une des premières cibles d'investissement des plans de relance. Dans ce contexte, et en raison de la relative facilité de leur mise en œuvre, les projets de maintenance des routes rurales et d'assainissement représentent les principales sources potentielles de création d'emplois. Pour Jordan Schwartz, expert auprès de la Banque mondiale et auteur de l'étude, les projets axés sur le réseau routier principal des campagnes peuvent, à eux seuls, permettre de créer entre 200 000 et 500 000 emplois par milliard de dollars investi. M. Schwartz estime que la valeur totale des plans de relance économique consacrée aux travaux publics atteint 25 milliards de dollars au niveau régional. En fonction de l'échelle des salaires locale et d'autres facteurs, ces plans de relance peuvent potentiellement permettre de créer entre cinq et douze millions d'emplois par an. Les engagements régionaux en matière d'investissement dans les travaux publics s'élèvent au total à 125 milliards de dollars pour l'année 2009. Dans ce cadre, la maintenance des réseaux routiers ruraux permet d'injecter des ressources directement au cœur des économies locales. En effet, 90 % des investissements servent au paiement des salaires des travailleurs qui, à leur tour, dépensent immédiatement leurs revenus pour satisfaire des besoins. "Tout ceci alimente rapidement l'économie et crée un effet de relance en chaîne" ajoute-t-il. Il faut dire que ce sont des perspectives encourageantes dans un contexte plutôt sombre de récession économique, résultant de la crise financière mondiale. Les chiffres du chômage atteignent actuellement des niveaux sans précédent dans la région. Au cours du premier trimestre 2009, l'Amérique latine a enregistré un taux de chômage de 8,5 %, soit une augmentation de plus d'un demi-point de pourcentage par rapport au premier trimestre 2008 (7,9 %). Face à un marché du travail qui se détériore rapidement, le rôle que jouent, en termes de création d'emplois, les investissements dans les infrastructures ne peut être sous-estimé, affirme M. Schwartz. La Banque mondiale, par le biais de son unité spécialisée dans le développement durable, participe à plusieurs projets de travaux publics, notamment au Pérou, en Argentine, au Guatemala, au Paraguay, au Mexique et en Jamaïque. Des initiatives en termes d'action que d'apport financier, sont actuellement mises en œuvre dans divers pays : en Argentine, avec un portefeuille de 400 millions de dollars consacré aux routes urbaines et rurales ; en Colombie, avec l'octroi de 600 millions de dollars destinés au programme national 2009-2010 pour le transport urbain; et au Mexique, avec des prêts et des investissements s'élevant à 700 millions de dollars pour financer le programme de transport urbain. D'autres projets de moindre envergure prévoient notamment la réhabilitation et la maintenance du réseau routier paraguayen à l'aide d'un portefeuille de presque 70 millions de dollars ainsi que des travaux publics en Jamaïque à hauteur de 15 millions de dollars. Par ailleurs, il est difficile pour les gouvernements latino américains de faire en sorte que les plans de relance donnent bien les résultats escomptés. A cet effet, ils doivent trouver le moment opportun. Pour qu'une injection de capitaux soit efficace, il est essentiel de tenir compte du facteur psychologique. Cette stratégie consiste notamment à faire prendre en compte aux consommateurs que l'économie reprend en vue de les encourager à consommer. "Si la mise en œuvre des projets prend trop de temps, l'occasion est manquée et les effets du plan de relance s'en trouvent limités" affirme M. Schwartz. D'autres facteurs peuvent potentiellement compromettre la réussite de ces plans de relance. Il s'agit notamment de trouver un équilibre entre des forces contradictoires. Quel est le juste milieu entre la gestion des besoins immédiats en termes de création d'emplois et les objectifs à long terme ou entre la construction de nouvelles routes et la réduction des émissions de CO2? Dans cette optique, l'expert de la BM Schwartz estime qu'il est important de sensibiliser les gouvernements à l'énorme potentiel de création d'emplois que représentent les plans de relance. Toutefois, ils doivent être conscients que les résultats dépendront de ce qu'ils feront de cet argent, et comment ils le feront. Yazid Idir