“La prochaine réunion du G20 à Londres, les 2 et 3 avril suscite plus d'espoir que les précédentes, même si les manifestations des opposants vont crescendo”, dira M. Abdelhak Lamiri P-DG de l'Institut international de management d'Alger, estimant que les déclarations d'intention sont empreintes d'optimisme mesuré. Les plus audacieux, comme Gordon Brown, vont jusqu'à espérer que le “consensus de Londres” remplacera le “consensus de Washington”, terminaison consacrée aux politiques ultralibérales. Que faut-il en penser ? Comment devrions-nous nous préparer ? “En premier lieu, le G20 est beaucoup plus représentatif de l'économie mondiale. Il représente plus de 75% de la population mondiale, 80% du commerce mondial et au moins 85% du PIB de la planète. Les pays les plus pauvres, les plus touchés par la crise, demeurent toujours sous-représentés”, relève le Dr Lamiri, indiquant que les dirigeants sont d'accord sur les grands principes. Il s'agit entre autres de la coordination des politiques de relance aux fins de stabiliser le cycle des récessions et favoriser la création d'emplois, accélérer la reprise, assainir en profondeur le secteur financier et éviter qu'il ne continue de polluer l'économie réelle, stopper le processus de développement des politiques protectionnistes qui menacent la reprise de la croissance et réformer les institutions internationales, de sorte qu'elles jouent mieux leur rôle de surveillance et d'alerte et complètent les dispositifs internes. “Les pays n'ont commencé à agir que bien trop tard et en rangs dispersés. Les économistes savent qu'en période de mondialisation, les politiques purement internes sont peu efficaces. Les résultats décevants ont poussé les politiciens à exiger plus de collaboration”, explique M. Lamiri. “Nous payons le prix d'avoir agi trop tard, trop peu et en négligeant l'aspect confiance qui demeure du reste déterminant dans le monde des affaires”, regrette-t-il. “Le G20 de Londres ne peut que récolter les dégâts bien lourds déjà. Mais une erreur de plus serait catastrophique”, estime M. Lamiri. Quelles implications y aura-t-il pour l'Algérie ? “Après plusieurs cafouillages, nous sommes arrivés à la conclusion bien sage que nous faisons partie du monde et que notre économie réelle est très connectée aux activités mondiales”, souligne M. Lamiri, relevant que la relance algérienne a surtout profité au reste du monde, comme nous l'avons anticipé. Les importations sont passées de 7 milliards de dollars en 2000 à 40 milliards en 2009. Le P-DG de l'Insim estime que les politiques du G20 aboutiront, à moyen terme, à réduire la demande en énergie fossile par unité produite. “Tout dépendra de la vitalité de la croissance et de l'effort de substitution. Si l'on retient l'idée, généralement acceptée, qu'à long terme, les prix pétroliers avoisineraient les 70 dollars, alors, nous pourrons financer un budget normal mais sans disposer de ressources pour continuer les politiques de relance”, affirme M. Lamiri. “Ce qui signifie que nous aurons au maximum cinq années devant nous pour créer une économie déconnectée des hydrocarbures ou nous subirons un processus de retour à une crise économique très profonde”, prévoit-il. “En général, l'erreur souvent commise par les économistes des pays sous-développés est d'importer des modèles sans bien lire leurs hypothèses”, indique le professeur Lamiri, citant les politiques de relance à la keynésienne, utilisées par l'Algérie, qui réussissent souvent dans les pays développés et échouent toujours dans les pays en voie de développement. L'Algérie a injecté 18% du PIB annuellement, pour améliorer la croissance de 2% seulement. “Il faut revenir à l'essentiel, à la base que nous n'avons pas”, suggère M. Abdelhak Lamiri. Mustapha Mekidèche, vice-président du CNES, expert international “L'Afrique est sous-représentée” Pour sa part M. Mustapha Mekidèche expert international pose le problème de la représentativité du G20. “L'Afrique est sous-représentée”, a-t-il constaté. L'Afrique sera présente à travers l'Union africaine et l'Afrique du Sud. M. Mustapha Mekidèche regrette l'absence de l'Algérie “deuxième économie d'Afrique”, alors que l'Amérique latine est représentée par l'Argentine, le Brésil et le Mexique. L'expert en stratégie relève également l'absence de l'Opep qui pour lui “est un élément de solution”, à la crise, remplacée indirectement par l'Arabie Saoudite. Sur le contenu, M. Mustapha Mekidèche signale les divergences d'approche, notamment entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Union européenne. Si les Américains sont favorables à toujours plus de relance pour contrecarrer une récession, les Européens s'inquiètent du gonflement de leurs déficits. La France et l'Allemagne “veulent réserver une place importante à la lutte contre les paradis fiscaux”. Les pays en développement, notamment les Bric (Brésil, Russie, Inde Chine) revendiquent une plus grande représentativité au sein du FMI. “Les effets sur l'Algérie pourraient se diffuser à travers les prix du pétrole.” Propos recueillis par Meziane Rabhi