Amorcé en juillet, le repli de l'activité commerciale dans les ports algériens du fait des nouvelles mesures de la loi de finances complémentaire pour 2009, devrait se poursuivre jusqu'à la fin de l'année, a indiqué au quotidien électronique www.tsa-algerie.com le dirigeant d'une entreprise spécialisée dans le service aux importateurs, filiale d'un grand groupe international. "Selon nos prévisions, l'activité commerciale va reprendre dès 2010, le temps nécessaire aux importateurs pour s'habituer aux nouvelles règles de paiement des importations", soutient-il. En effet, le ralentissement de l'activité commerciale dans les ports algériens semble être une des conséquences directes du durcissement des conditions du commerce extérieur décidé par le gouvernement, depuis le début de l'année en cours, en vue de réduire la facture d'importation qui ne cesse de s'allonger pour atteindre le pic des 40 milliards de dollars en 2008. En dépit de cette politique protectionniste, les flux d'importation demeurent inquiétants. Les données statistiques du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) des douanes, sur le commerce extérieur, durant les cinq premiers mois de l'année en cours, font état d'une hausse des importations de 6,73% par rapport à la même période de l'année écoulée, pour totaliser ainsi 16,28 milliards de dollars. Un constat plus qu'inquiétant, notamment, au moment où les recettes des hydrocarbures ont chuté de moitié durant le premier semestre de l'année, pour s'établir à 20,7 milliards de dollars. C'est ainsi que la loi de finances complémentaire pour 2009 a instauré une batterie de mesures en droite ligne avec cette démarché protectionniste. A cet effet, il y a lieu de citer la suppression des crédits à la consommation et à l'achat de véhicules aux particuliers. Mais aussi, l'instauration du crédit documentaire comme unique moyen de paiement des importations, et ce, afin de mieux contrôler le commerce extérieur et lutter contre les fraudes. Les répercussions de cette mesure, en vigueur depuis le 4 août 2009, relatives aux modalités d'importation de marchandises, sur le rythme du trafic du commerce extérieur se font immédiatement ressentir. A ce titre, il est utile de rappeler que le port de Marseille-Fos, qui réalise une partie importante de son trafic avec l'Algérie, a subi de plein fouet l'impact de cette mesure, la semaine dernière, et qui s'est traduite par le blocage de nombreuses marchandises au niveau de ce port. Ainsi, la compagnie maritime Marfret a dû suspendre la semaine dernière le départ d'un navire roulier (ou " Ro-Ro " dédié au transport de véhicules) faute de marchandises. La même compagnie a fait partir un navire, vers l'Algérie, avec 50 % de marchandises en moins. Le constat était identique du côté du manutentionnaire Intramar qui génère 35 à 40 % de son trafic avec l'Algérie. Son directeur général, Michel Henry, déclare que "c'est la première fois qu'un bateau à destination d'Alger est resté à quai pendant cinq jours dans l'attente de marchandises. Aujourd'hui, (jeudi dernier) il y a 50 % de marchandises en moins qui sont envoyées vers l'Algérie et aucun approvisionnement n'a été réalisé au début de cette semaine", signale-t-il. Cette baisse de l'activité de ce port serait liée aux nouvelles mesures contenues dans la LFC pour 2009. En effet, la majorité des importateurs algériens tardent à se conformer à la nouvelle législation, d'autant plus qu'"en août tous les ports du monde connaissent une baisse de l'activité. C'est tout à fait normal", signale la même source à Tsa. Si le port de Marseille-Fos, comme plusieurs autres ports, endure les retombées de la politique protectionniste de l'Algérie concernant la réduction des importations, il demeure que le port d'Alger connaît toujours une situation de congestion, et ce, en dépit des efforts déployés récemment par les pouvoirs publics. Un certain nombre de bateaux demeurent toujours en rade, mais cela constitue une autre entrave qui doit être résolue dans les meilleurs délais. Car l'Algérie doit continuer à importer, notamment des équipements pour ses grands projets d'infrastructures lancés dans le cadre de ses deux plans de relance économique d'un montant total de 300 milliards de dollars (2005-2014). Les nouvelles mesures pourraient aussi pousser les importateurs à s'intéresser à d'autres créneaux, moins rentables que les produits finis et contrefaits, mais qui pourraient s'avérer bénéfiques pour l'économie nationale, comme les équipements pour l'industrie et l'agriculture. "Le crédit documentaire n'est pas un problème. Bien au contraire, il va permettre d'assainir l'activité d'importation et éviter les dérapages constatés ces dernières années", conclut la même source. Un avis prôné haut et fort par les pouvoirs publics et certains experts en guise de réponse aux différentes appréhensions exprimées par bon nombre d'organisations patronales.