L'année 2009 commence sous de nouveaux auspices pour la pêche. Après la conférence de Marrakech sur le thon en Méditerranée, l'année 2008 s'est achevée par la signature d'un accord européen sur les quotas et la mise en examen de cinq thoniers à Sète. Le 24 novembre, la Commission internationale pour la conservation des thonidés (Cicta) réduisait le quota de pêche au thon rouge en Méditerranée à 22 000 tonnes pour 2009, contre 28 500 en 2008. Ce qui était déjà insuffisant, le comité scientifique mandaté par la Cicta recommandant un maximum de 15 000 tonnes, d'autant qu'en 2007, alors que la pêche était limitée à 29 500 tonnes, les experts estimaient que 60 000 tonnes avait été pêchées en tenant compte de la pêche illégale. Les pêcheurs se plaignant du manque de moyens pour la réprimer. Un mois après, un " coup de filet ", si l'on peut ainsi s'exprimer, conduisait à la mise en examen de cinq thoniers du port de Sète. Leur fraude présumée, consistant pour une part dans la vente de certificats de transbordements à des mareyeurs étrangers alors que leurs bateaux rentraient à vide, d'autre part en fausse déclaration ou absence de déclaration. Ces fraudes expliqueraient que le quota français de 5 593 tonnes ait dû être doublé en 2007. Par ailleurs, fin décembre et sous la présidence française assurée par Michel Barnier, ministre français de l'Agriculture et de la Pêche les ministres européens de la Pêche ont adopté à l'unanimité un accord sur les quotas pour 2009. "Nous avons trouvé ce point d'équilibre, toujours très difficile, dans un bon climat entre le souci de la gestion responsable et durable des ressources halieutiques fragiles, et celui de l'activité des marins pêcheurs qui mérite d'être encouragée", a déclaré M. Barnier. L'unanimité s'expliquerait par la reconnaissance par tous, notamment les ONG de défense de la nature, d'une plus grande responsabilité des pêcheurs. Ainsi l'accord prévoit-il une baisse de 25% de la pêche au cabillaud (sauf en mer du Nord et dans la Manche qui, à l'inverse, connaîtra une hausse de 30%) et les pêcheurs devront employer des outils plus sélectifs évitant de pêcher des poissons trop jeunes ou ne correspondant pas à la pêche recherchée. Néanmoins pour le thon rouge, la bataille est loin d'être gagnée. Cette espèce continue à aiguiser les appétits des amateurs des sushis. L'Espagne est un des premiers pays pêcheurs de thon rouge et le marché japonais constitue leur principal débouché. L'Espagne, un des principaux exportateurs, et le Japon (importateur), se seraient ralliés à la proposition de constituer des quotas. Mais cette annonce n'est pas anodine, les recommandations étant, certes, rapidement mises en application. Or, sur le terrain, alors que le niveau de capture autorisé était de 29 500 tonnes pour 2007, ce sont dans les faits plus de 60 000 tonnes de thon (selon la commission scientifique de l'Iccat) qui ont été capturées l'année dernière. Cette surpêche menace à courte échéance les stocks de thons méditerranéens, et pourrait aboutir à la disparition de l'espèce dans cette zone comme cela s'est produit dans l'ouest de l'Atlantique. Dalila B