L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a annoncé mercredi que le phénomène El Nino était réapparu dans le Pacifique au niveau des tropiques et qu'il devrait se poursuivre jusqu'au début de 2010. El Nino et La Nina sont deux phénomènes météorologiques qui reflètent des fluctuations importantes de la température de surface des eaux du Pacifique le long des tropiques : le premier est lié à la montée de la température et le second à une baisse. Ces modifications de la température sont liées à des fluctuations de grande envergure du climat dans le monde, notamment en Amérique latine, en Australie et en Asie de l'Est, qui peuvent durer un an ou plus. El Nino et La Nina peuvent modifier les schémas normaux et avoir une influence sur le climat dans d'autres parties du monde. L'OMM annonce dans le même communiqué, que la température des eaux du Pacifique Est se situait entre 0,5 et 1 degré au-dessus de la normale à la fin du mois de juin, avec des températures similaires en juillet. Le développement d'un épisode El Nino s'est amorcé dans le Pacifique tropical Ses manifestations vont très probablement persister au moins jusqu'à la fin de l'année 2009 voire jusqu'au premier trimestre de 2010 d'après l'OMM. Un épisode El Nino est caractérisé par des températures océaniques anormalement élevées dans le centre et l'est du Pacifique équatorial, tandis qu'un épisode La Nina représente la situation inverse, caractérisée par des températures océaniques anormalement basses dans l'est du Pacifique équatorial. Ces deux manifestations du même phénomène perturbent la configuration habituelle des précipitations ainsi que la circulation atmosphérique aux latitudes tropicales et peuvent avoir des répercussions à grande échelle sur le climat dans de nombreuses régions du monde. En juin et juillet, une augmentation des températures à la surface et sous la surface de la mer a été observée dans l'est du Pacifique équatorial. Déjà, à la fin du mois de juin, les températures de surface de la mer étaient en général supérieures de 0,5 et 1 degré Celsius par rapport à la normale, anomalie qui a persisté tout le mois de juillet. D'après les évaluations scientifiques, cette situation traduirait les prémices d'un phénomène El Nino. Le phénomène El Nino a un impact sur le climat dans le monde, a expliqué un expert de l'OMM Rupa Kumar Kolli. "Il est associé historiquement à une mousson plus faible ainsi qu'à une saison plus modérée des cyclones", a-t-il affirmé. Une mousson plus faible en Asie du Sud et de l'est se traduit par une sécheresse plus intense, a-il souligné. "La sécheresse est déjà plus aigue", a indiqué l'expert. L'est de l'Afrique risque également de subir les conséquences d'un accroissement de la sécheresse. L'expert de l'OMM a précisé qu'il n'y a pas d'impact mesuré scientifiquement du phénomène El Nino sur le climat en Europe, donc pas de rapport avec la canicule au cours. D'autres facteurs climatiques ont une influence, a fait remarquer Rupa Kumar, et chaque épisode El Nino a un impact différent. Bien que les changements atmosphériques induits par la hausse des températures océaniques aient été parfois lents, s'enclencher, le réchauffement en question est maintenant suffisamment installé pour que les scientifiques puissent l'imputer à un épisode El Nino survenant à l'échelle du bassin. Les régimes climatiques inhabituels et les phénomènes extrêmes qui accompagnent généralement un épisode El Nino, peuvent aussi se développer indépendamment de cette anomalie, et ceux qui utilisent l'information climatologique sont encouragés par conséquent à se procurer des interprétations détaillées par région et par secteur d'activité. Il n'en reste pas moins que la présence d'un épisode El Nino devrait favoriser l'établissement de prévisions climatiques régionales présentant un intérêt accru pour un grand nombre d'utilisateurs. Les phénomènes de réchauffement des eaux du Pacifique El Nino et de refroidissement La Nina se produisent avec une fréquence de deux à cinq ans. Cette fréquence n'a pas évolué récemment, selon les observations accumulées depuis 200 ans. Ahmed Saber