Les terres agricoles et les forêts seraient loin d'être incompatibles d'après une étude récente puisque 10% de la superficie de la moitié des terres agricoles du monde seraient recouvertes d'arbres. Presque la moitié des terres agricoles du monde sont couvertes d'arbres sur 10% de leur superficie, d'après une étude publiée cette semaine indiquant que les agriculteurs détruisent finalement moins de forêts que ce que les analystes ne le pensaient précédemment. Les agriculteurs ou les éleveurs sont en effet souvent accusés d'être responsables d'une grande partie de la déforestation mondiale, empiétant sur les forêts pour acquérir de nouvelles terres cultivables et contribuant ainsi aux émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et donc au réchauffement climatique.La superficie révélée dans cette étude est deux fois plus grande que la superficie de l'Amazonie, et montre que les agriculteurs plantent et protègent spontanément des arbres " a déclaré Dennis Garrity, Directeur Général du Centre Agroforestier Mondial à Nairobi. Les agriculteurs gardent des arbres pour les utiliser comme carburant, médicaments, matériaux de construction, pour leur gomme, leur résine, leurs noix et leurs fruits. Le rapport du Centre, reposant sur des images satellites, est le premier à estimer la couverture forestière des terres agricoles mondiales, et montre que le feuillage des arbres est présent sur plus de 10% de 10 millions de km² de terres agricoles -soit 46% de l'ensemble des terres agricoles mondiales, et une surface équivalent à la superficie de la Chine ou du Canada. D'après la définition utilisée par l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, une " forêt " est une région dans laquelle le feuillage des arbres couvre au moins 10% de la superficie. La définition exclut cependant les terres agricoles ou les régions urbaines. Le rapport du Centre indique que les agriculteurs gardent des arbres pour les utiliser comme carburant, médicaments, matériaux de construction, pour leur gomme, leur résine, leurs noix et leurs fruits. Les arbres peuvent également servir à faire de l'ombre aux cultures, peuvent servir de coupe-vent, de frontières naturelles et protègent également contre l'érosion. Les arbres sont par ailleurs plus résistants que les cultures ou le bétail et peuvent ainsi être une solution de secours pour les agriculteurs dans les temps difficiles. Les estimations précédentes de la surface de terres agricoles utilisées pour l'agroforesterie ne s'élevaient qu'à 3 millions de km². Les fermes sont souvent décrites comme les ennemis des forêts, et abritent une grande diversité d'animaux et de plantes. Les forêts sont également des réserves naturelles géantes de dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre. Les arbres stockent en effet ce gaz pendant leur croissance, et le relâchent lorsqu'ils sont coupés, lorsqu'ils pourrissent ou lorsqu'ils sont brûlés. Le rapport indique que les arbres font partie des paysages agricoles dans toutes les régions du monde, à l'exception de l'Afrique du Nord et de l'Asie de l'ouest.. Le rapport indique une nouvelle stratégie de lutte contre le changement climatique. Les agriculteurs pourraient faire davantage pour protéger les arbres s'ils obtiennent de nouvelles subventions dans le cadre d'un nouveau traité international de lutte contre le changement climatique, qui devrait être conclu à Copenhague en décembre. Les négociateurs internationaux étudient des manières de ralentir la déforestation dans les nations en développement : la déforestation représente en effet 20% de l'ensemble des gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère par les activités humaines. " Cette étude montre, preuves à l'appui, que les fermes et les forêts ne sont pas exclusives mutuellement " a déclaré Wangari Maathai, écologiste kenyan qui a remporté le prix nobel de la paix 2004, pour sa campagne de plantation d'arbres en Afrique. A la fin de l'ere glaciaire il y a 10 000 ans, les forêts naturelles recouvraient près de 70% des régions terrestres du monde. Elles n'en couvrent aujourd'hui que 26%. Les taux nets de déforestation, d'après la FAO , ont ralenti pour passer à 7,3 millions d'hectares par an pour la période 2000-2005. Dalila B.