Les terres agricoles et les forêts seraient loin d'être incompatibles d'après une étude récente puisque 10% de la superficie de la moitié des terres agricoles du monde seraient recouvertes d'arbres. Ainsi, près de la moitié des terres agricoles dans le monde ont en effet une couverture forestière d'au moins 10%. Dennis Garrity, directeur général du centre mondial d'agroforesterie de Nairobi, a indiqué dans un communiqué que "la superficie révélée par cette étude représente deux fois la taille de l'Amazonie, et montre que les agriculteurs protègent et plantent les arbres spontanément". Le rapport de cette organisation s'appuie sur des images par satellite. Il montre que la couverture forestière dépasse les 10% sur 10 millions de km2 de terres arables - soit 46% de la surface totale des terres arables dans le monde ou une superficie équivalente à celle du Canada ou de la Chine. Le rapport du Centre, reposant sur des images satellites, est le premier à estimer la couverture forestière des terres agricoles mondiales, et montre que le feuillage des arbres est présent sur plus de 10% de 10 millions de km² de terres agricoles -soit 46% de l'ensemble des terres agricoles mondiales, et une surface équivalent à la superficie de la Chine ou du Canada. D'après la définition utilisée par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (Food and Agricultural Organization, FAO), une " forêt " est une région dans laquelle le feuillage des arbres couvre au moins 10% de la superficie. La définition exclut cependant les terres agricoles ou les régions urbaines. Le rapport du Centre indique que les agriculteurs gardent des arbres pour les utiliser comme carburant, médicaments, matériaux de construction, pour leur gomme, leur résine, leurs noix et leurs fruits. C'est la première fois qu'un rapport estime précisément la couverture forestière sur les terres arables. Les précédentes estimations de la superficie utilisée en agroforesterie ne dépassaient pas trois millions de km2. Les arbres peuvent également servir à faire de l'ombre aux cultures, peuvent servir de coupe-vent, de frontières naturelles et protègent également contre l'érosion. Les arbres sont par ailleurs plus résistants que les cultures ou le bétail et peuvent ainsi être un solution de secours pour les agriculteurs dans les temps difficiles. Les estimations précédentes de la surface de terres agricoles utilisées pour l'agroforesterie ne s'élevaient qu'à 3 millions de km². Les fermes sont souvent décrites comme les ennemis des forêts, et abritent une grande diversité d'animaux et de plantes. Les forêts sont également des réserves naturelles géantes de dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre. Les arbres stockent en effet ce gaz pendant leur croissance, et le relâchent lorsqu'ils sont coupés, qu'ils pourrissent ou qu'ils sont brûlés. " Nous sommes agréablement surpris par le résultat de l'étude " a déclaré Tony Simons, sous directeur général du Centre Mondial d'Agroforesterie. Le rapport indique que les arbres font partie des paysages agricoles dans toutes les régions du monde, à l'exception de l'Afrique du Nord et de l'Asie de l'ouest. Tony Simons a ajouté que le rapport indiquait une nouvelle stratégie de lutte contre le changement climatique. Les agriculteurs pourraient faire davantage pour protéger les arbres s'ils obtiennent de nouvelles subventions dans le cadre d'un nouveau traité international de lutte contre le changement climatique, qui devrait être conclu à Copenhague en décembre. Les négociateurs internationaux étudient des manières de ralentir la déforestation dans les nations en développement : la déforestation représente en effet 20% de l'ensemble des gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère par les activités humaines. " Cette étude montre, preuves à l'appui, que les fermes et les forêts ne sont pas exclusives mutuellement " a déclaré Wangari Maathai, écologiste kenyan qui a remporté le prix nobel de la paix 2004, pour sa campagne de plantation d'arbres en Afrique. Les négociateurs de Copenhague cherchent des moyens de ralentir la déforestation dans les pays en développement - la déforestation représente un cinquième des émissions totales de gaz à effet de serre provoquées par des humains. A la fin de l'ère glaciaire il y a 10 000 ans, les forêts naturelles couvraient environ 70% de la superficie de la terre de notre planète. Elles en couvrent environ aujourd'hui 26%. Selon la FAO, le taux net de déforestation a ralenti à 7,3 millions d'hectares par an dans la période 2000-2005, contre 8,9 millions d'hectares en 1990-2000. Dalila T.