L'économie islamique est la solution idoine à la crise financière mondiale, a affirmé lundi à Alger l'économiste Bachir Messitfa. "Après l'échec du socialisme et du capitalisme, les pays musulmans devraient proposer au Monde une troisième solution, à savoir l'économie islamique pour faire face à la crise financière mondiale", a affirmé M. Messitfa lors d'une conférence scientifique sur "le rôle de la Zakat dans la création de la richesse et la lutte contre la pauvreté à la lumière de la crise financière", initiée par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs dans le cadre d'une série de conférence éducatives et scientifiques au profit des imams et mourchidates de la wilaya d'Alger.Les usures imposées par les banques capitalistes ont causé la perte de plus de 150.000 emplois suite à la crise des "subprimes" aux Etats Unis qui a dégénéré en crise mondiale."Les bourses mondiales n'autorisaient pas l'échange de chèques émis par des banques islamiques, mais après avoir examiné le fonctionnement de ces dernières, elles ont fini par accepter les chèques en tant qu'outil", a précisé M. Messitfa.En Islam, "les banques doivent relever de l'Etat, lequel pourrait engager d'importants projets d'investissement à l'image des investissements dans le domaine de l'agriculture et de la pêche (...) alors que les banques privées ne peuvent prendre ce risque", a-t-il ajouté.Il a rappelé, dans ce contexte, que pour la création d'une banque islamique, les épargnants doivent faire des dépôts n'excédant pas le montant du capital de la banque sinon la banque risque de faire faillite."Nous sommes à la veille d'une récession et il est de notre devoir, en tant que musulmans, de faire connaître la solution islamique pour le règlement de la crise financière mondiale".Il est vrai que le Financement hallal séduit de plus en plus. La finance dite islamique s'érige comme l'une des réponses à la crise qui secoue actuellement les marchés financiers.Banissant l'usure et la spéculation, celle-ci s'impose comme seul moyen d'introduire plus d'éthique dans les transactions financières. Et cela semble avoir beaucoup d'échos même en Europe. Les chiffres rapportés sur les actifs gérés par la finance islamique dans le monde divergent allant de 256 millions de dollars, d'après un rapport du Sénat français réalisé en octobre 2007, jusqu'à 500 et 700 millions de dollars, selon l'agence de notation Moody's. On estime son taux de pénétration à 11,9% à travers le monde. Son taux de croissance annuel varie entre 10 et 30% en fonction des classes d'actifs. Aussi, une première banque islamique en France pourrait s'installer dans 6 mois. En effet, selon Anouar Hassoune, vice-président de Moody's, et Gilles Saint Marc, avocat associé du cabinet Gide Loyrette Nouel et président de la Commission Finance Islamique de Paris Europlace, une banque islamique en France pourrait voir le jour d'ici juin 2009. Il s'agirait alors d'une banque d'investissement et non de détail. " Sur la question de l'ouverture de banques islamiques en France, plusieurs projets sont à l'étude. Le stade des questions de principe est passé. On n'en est plus aux questions de traitement comptable et donc prudentiel des opérations, et également d'ALM des banques puisqu'elles s'interdisent de recourir à des financements interbancaires conventionnels ", a déclaré M. Saint Marc à l'occasion d'un chat avec les auteurs du livre " Finance islamique à la française " qui paraîtra le 26 novembre prochain.