Passer au paiement mobile est-il réalisable en Afrique ? C'est sur cette question que l'hebdomadaire Jeune Afrique s'est penché dans sa dernière livraison. Celui-ci énonce d'emblée que de nombreux acteurs aussi bien opérateurs télécoms que des banques ont lancé des produits permettant aux usagers de transférer de l'argent, de payer leurs factures et de régler leurs achats par l'intermédiaire de leur téléphone portable. Néanmoins, la généralisation de ce moyen de paiement devra faire face à de nombreux défis. Ainsi, le taux de bancarisation dans les pays africains est l'un des plus faibles du monde. S'il atteint 99 % dans certains pays industrialisés, de 50 % à 60 % au Maghreb, il ne représente qu'entre 3 % et 7 % dans l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), selon le rapport 2007 de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Néanmoins, estime Jeune Afrique, la téléphonie mobile peut faciliter l'essor rapide de la bancarisation en Afrique. D'introduction bien plus récente, elle se distingue par une croissance forte: 58,5 % des Africains se trouvaient à la portée d'un signal mobile en 2008 contre 25 % en 2000, selon le dernier rapport de l'Union internationale des télécommunications. Et l'on comptait 246 millions d'abonnements sur le continent en 2008 contre 100 millions en 2006, soit une progression de 146 %. Le magazine s'interroge aussi sur le rapport des opérateurs avec les banques, qui doivent garantir les différentes transactions, en tant qu'émettrices agréées de monnaie électronique. Il s'agit dans ce contexte de contracter des partenariats non exclusifs avec plusieurs banques, établissements financiers et institutions de la microfinance avec pour objectif d'étendre au maximum les réseaux de distributeurs. Enfin, les intégrateurs de solutions peuvent également jouer un rôle en fédérant des institutions financières autour de leurs solutions. Ainsi, en Côte d'Ivoire, par exemple, la société Etranzact, spécialisée dans les plates-formes de paiement électronique, a déjà conclu un accord avec deux banques - Versus Bank et BIAO - pour l'utilisation d'une carte à puce prépayée et d'un produit de paiement mobile. Le problème : la solution Etranzact passe par une application Java nécessitant la collaboration des opérateurs. Pour l'instant, seul le challengeur Koz joue le jeu, alors qu'une deuxième compagnie serait sur le point de signer. En Côte d'Ivoire, deux PME se sont aussi lancées dès la mi-2008: Celpaid et Scash. Depuis, elles ont plus ou moins suspendu leurs activités. Les entraves sont en effet nombreuses pour les " pure players ". Elles doivent disposer, au point de vue réglementaire, du précieux statut d'émetteur de monnaie électronique délivré par la BCEAO. Et, de plus, mettre en place un réseau de distribution puissant et disposer d'assez de fonds propres pour mener une campagne de communication d'envergure. Un marché d'autant plus difficile que les multinationales solidement installées dans le secteur du transfert d'argent n'ont pas dit leur dernier mot. Western Union - qui a annoncé, le 24 juillet, un accord de partenariat global avec Zain - veut se poser en " agrégateur " de solutions de paiement mobile à travers son programme " Digital Vendor Program ".Ce dernier vise notamment à certifier les offres techniques et commerciales existantes, comme la plate-forme de Fundamo, utilisée par MTN, déjà validée, et à les distribuer dans son réseau de 334 000 agents dans 200 pays et territoires. Le 3 août, MoneyGram a annoncé un accord de partenariat avec Affinity Global Services, spécialisée dans les plates-formes pour services financiers mobiles. I.B.