Les prévisions pour la production du tabac en Algérie sont à la baisse pour cette année. Après une légère augmentation en 2005 , la production du tabac régresse pour des raisons multiples ayant trait, essentiellement, à l'ouverture du marché national du tabac (production, commercialisation et importation), et au déclin de l'industrie nationale du tabac. Ainsi, certains cultivateurs de tabac ont dû se convertir pour la simple raison que le marché national n'est plus porteur. Pourtant les Algériens sont de grands fumeurs. Ajoutons à cela le fait que c'est un secteur à forte valeur ajoutée. L'industrie du tabac en Algérie représente tout bonnement le deuxième pourvoyeur de fiscalité après Sonatrach. La Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), détenteur du monopole sur le marché national du tabac, verse annuellement au Trésor public des dizaines de milliards de dinars au titre de recettes fiscales. Ceci ne constitue en fait que l'aspect "avantageux" de l'industrie du tabac. L'autre aspect est cependant plus dramatique : des milliards de dinars sont dépensés, annuellement, pour couvrir les pathologies liées directement à la consommation des tabacs. D'après les spécialistes, le tabac induit 25 maladies chroniques responsables de handicaps et de décès. Cancers du poumon, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, bronchites chroniques,... sont autant de pathologies causées directement par la consommation du tabac. D'après une étude faite sur le tabagisme, publiée dans la revue française La Santé de l'homme "la consommation de tabac en Algérie a triplé en vingt ans, et un fumeur sur deux a moins de 27 ans". 30 000 nouveaux cas de cancer y sont diagnostiqués chaque année, soit une augmentation de 50 % du nombre de cas entre 1985 et 2000. Sur un an, près de 20 000 personnes meurent du cancer. Parallèlement, la consommation de tabac a triplé au cours de ces dernières décennies, passant de 7,7 % (taux de prévalence global hommes/ femmes) à 25 %. Le taux de prévalence du tabagisme est de 43,8 % chez les hommes et 6,5 % chez la femme d'après la même étude. Il faut rappeler, également, que 95% du tabac consommé en Algérie (matières premières) est importé en devises fortes. D'après les statistiques de la Banque mondiale, le coût des maladies liées au tabagisme est de 800 milliards de dollars par an, ce qui est largement au-dessus de tous les " bénéfices économiques " induits par l'industrie du tabac. A signaler, par ailleurs, qu'une démarche suivie par Atlas Tobacco ( société mixte algéro-gecque) est, selon plusieurs agriculteurs, à même de dégager des pistes pour améliorer et renforcer les capacités de gestion des terres destinées à la culture du tabac. Cette démarche modifie radicalement le mode de gestion de la culture et de la commercialisation du tabac dans notre pays où les spéculations agricoles sont constamment remises en question dans un univers agricole devenu incertain. Ce qui expliquerait les tonnes de tabac qui sont annuellement importées par l'Algérie avec éventuellement une quantité tout aussi importante issue de la contrebande aux frontières. Lors d'une rencontre entre professionnels, l'accent, un intérêt particulier a été porté sur la planification à moyen terme,. Les réponses des agriculteurs entre particuliers et représentants d'associations agricoles individuelles et collectives à cette démarche ont été toutes empreintes d'approbation au projet. Si l'aspect amélioration des cultures et de la qualité a été abordé, il n'en est pas de même concernant l'éventualité de la mise en œuvre d'un prix garanti. Des agriculteurs ont argumenté beaucoup de facteurs internes et externes à la production du tabac pour fixer les coûts tels que le taux d'échange, le coût du transport, la consommation mondiale et les charges sociales et fiscales. Même s'ils sont sujet à caution du fait de leur source d'émission parfois peu scrupuleuse, les chiffres de production annuelle du tabac en Algérie donnent à peine 3000 tonnes. D'où la prudence de quelques intervenants s'agissant de la détermination du total supposé de la récolte nationale. Les rencontres qu'Atlas Tobacco organise avec l'ensemble des acteurs du monde agricole algérien et en particulier avec les agriculteurs lui servent de tremplin pour acquérir le plus grand nombre de contrats de cession du tabac. Décidément, ses responsables en Algérie semblent avoir été stimulés par la nouvelle portant suppression, à partir de 2006, des subventions accordées à divers pays européens à la culture du tabac par la communauté européenne. Cette suppression et la levée des frontières douanières algériennes, devraient rendre le marché algérien du tabac très attractif. En termes plus clair, l'ouverture du marché national du tabac aiguise les appétits.