La première rencontre entre agriculteurs producteurs de tabac et transformateurs regroupés dans la société mixte algéro-grecque Atlas Tabacco SPA s'est tenue dimanche dernier, à Annaba, sous les auspices de l'Association pour le développement et la promotion de l'entreprise (ADPE). Malgré sa jeunesse, Atlas Tabacco a décidé de faire prendre un virage décisif au marché du tabac en Algérie. Son sigle et les déclarations faites par son directeur général prouvent que cette rencontre a un champ d'action plus large. En impliquant l'ADPE, l'Etat, à travers les services agricoles et l'Institut technique des cultures maraîchères et industrielles (ITCMI) ainsi que la Financière algéro-européenne de participation (Finalep), Atlas Tabacco tente, au contact des agriculteurs, de mieux appréhender toutes les données du marché national du tabac. Comme deuxième objectif, elle semble vouloir prendre en charge une bonne part de la production du tabac en Algérie. Les débats ont eu pour thèmes principaux la mise en œuvre d'une politique de partenariat avec des agriculteurs et des coopératives agricoles disposant de terres cultivables et intéressés par la culture du tabac. A travers son représentant, Atlas Tabacco compte garantir l'assistance technique durant le cycle de production par des ingénieurs agricoles spécialisés de la société et le versement d'aides financières et matérielles fixées à 30 000 DA/ha remboursables en fin de campagne lors de la commercialisation du tabac. Pour s'assurer du maximum de réussite de son opération, la société propose également d'associer l'ITCMI dans l'élaboration d'un diagnostic des systèmes d'information sur la culture du tabac en pépinière, sur lequel devraient s'appuyer les producteurs agricoles. La présence au titre de partenaires de la Finalep et l'ADPE est un autre indicateur du souci de cette société mixte de se munir de tous les atouts pour la réussite de son action. Un autre objectif est assigné à ce type de rencontre. Il consiste en l'identification des techniques ou des sous-systèmes simples, fiables et performants à même de donner de bons résultats de production à l'hectare en sec ou en irrigué. Même s'il est évident qu'aucune recette ne peut s'appliquer dans toutes les situations, la démarche suivie par Atlas Tabacco est, selon plusieurs agriculteurs, à même de dégager des pistes pour améliorer et renforcer les capacités de gestion des terres destinées à la culture du tabac. Telle qu'initiée par Atlas Tabacco et l'ITCMI, la démarche modifie radicalement le mode de gestion de la culture et de la commercialisation du tabac dans notre pays où les spéculations agricoles sont constamment remises en question dans un univers agricole devenu incertain. Ce qui expliquerait les 20 000 tonnes de tabac qui, selon le directeur général d'Atlas Tabacco, sont annuellement importées par l'Algérie avec éventuellement une quantité tout aussi importante issue de la contrebande aux frontières. Lors de cette rencontre, l'accent, initialement porté sur la planification à moyen terme, s'est déplacé vers les préoccupations du court terme et les travaux de prévision limités dans le temps et dans l'espace. Les réponses des agriculteurs entre particuliers et représentants d'associations agricoles individuelles et collectives à cette démarche ont été toutes empreintes d'approbation au projet. Si l'aspect amélioration des cultures et de la qualité a été abordé, il n'en est pas de même concernant l'éventualité de la mise en œuvre d'un prix garanti. Des agriculteurs ont argumenté beaucoup de facteurs internes et externes à la production du tabac pour fixer les coûts tels que le taux d'échange, le coût du transport, la consommation mondiale et les charges sociales et fiscales. Même s'ils sont sujet à caution du fait de leur source d'émission parfois peu scrupuleuse, les chiffres de production annuelle du tabac en Algérie donnent à peine 3000 tonnes. D'où la prudence de quelques intervenants s'agissant de la détermination du total supposé de la récolte nationale pour l'année 2005. La seule certitude étant qu'avec l'implication de l'ITCMI au titre de maître des lieux en matière d'orientation des techniques de développement et d'Atlas Tabacco en pourvoyeur de fonds et de semence (300 g/ha à remettre sous huitaine), la récolte du tabac exotique sera plus importante en 2005 qu'elle ne l'a été durant les précédentes années. La société Atlas Tabacco devrait conserver son rôle de maître d'œuvre du développement de la culture du tabac exotique en Algérie. Les rencontres qu'elle organise avec l'ensemble des acteurs du monde agricole algérien et en particulier avec les agriculteurs lui servent de tremplin pour acquérir le plus grand nombre de contrats de cession du tabac. Ses responsables en Algérie semblent avoir été stimulés par la nouvelle portant suppression, à partir de 2006, des subventions accordées à divers pays européens à la culture du tabac par la communauté européenne. Cette suppression et la levée des frontières douanières algériennes, prévue pour très bientôt, devraient rendre le marché algérien du tabac très attractif.