Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a estimé, jeudi, lors de l'allocution qu'il a prononcée au Center for Global Development, à Washington, qu'avec la reprise économique mondiale qui s'affermit, les pays riches doivent accroître leur soutien aux pays pauvres afin qu'ils puissent sortir au plus vite de la crise venue des pays avancés. "Nous devons veiller à ce que la reprise mondiale tire aussi vers le haut les pays à faible revenu. Ces pays ont désespérément besoin d'un surcroît de financements pour leur permettre de tenir, leur donner un répit suffisant pour affronter la crise", a-t-il déclaré. M. Strauss-Kahn na pas manqué de souligner que la plupart des pays à faible revenu avaient bien réagi à la crise financière mondiale, grâce à des politiques économiques bien conçues. "Un grand nombre de ces pays ont mené de bonnes politiques qui leur ont permis d'établir de solides fondations pour se protéger de la tempête. Dans le passé, beaucoup de pays à faible revenu confrontés à une pénurie de crédits auraient été obligés de réduire considérablement leurs dépenses publiques, d'appliquer des contraintes administratives aux importations ou tout simplement de ne pas payer leurs factures. Mais, cette fois les choses sont différentes", a-t-il ajouté. Grâce à l'amélioration des politiques économiques, trois quarts des pays à faible revenu ont été en mesure d'accroître leur déficit budgétaire pour combattre la crise. Sur 27 pays à faible revenu pour lesquels nous disposons de données, 26 ont pu préserver ou augmenter leurs dépenses sociales, ce qui est remarquable dans la conjoncture actuelle. Jusqu'à présent, les pays à faible revenu ont mieux résisté que prévu à la crise financière mondiale, a déclaré le directeur général du FMI. "Mais les pays à faible revenu demeurent hautement vulnérables", a-t-il souligné. "Il ne faut donc pas baisser la garde." Il a ajouté que le développement des pays pauvres nécessitait des financements à plus long terme, dont l'horizon dépasse largement la mission et les moyens du FMI. Comme le montre la sécheresse récente en Afrique de l'Est, la crise pourrait être suivie d'autres défis. "En pareilles circonstances, la tentation est grande pour les pays de se replier sur eux-mêmes, de s'occuper d'abord de leurs propres problèmes, de répondre avant tout aux besoins et aux exigences politiques nationaux. C'est compréhensible. Mais la communauté internationale ne peut pas faire abstraction des besoins des pays à faible revenu, d'autant plus que ce sont les pays les plus pauvres qui paient les erreurs commises par les pays riches. Les pays doivent résister à la tentation de réduire leur aide ou de tomber dans le protectionnisme commercial ou financier", a insisté M. Strauss-Kahn. Le premier responsable de l'institution de Bretton Woods a, par ailleurs, rappelé que le FMI avait porté à des niveaux jamais égalés son aide financière et ses conseils de politique économique aux pays à faible revenu. Cela a permis de donner aux pays pauvres la marge de manœuvre nécessaire pour assouplir leur politique macroéconomique. M. Strauss-Kahn a ajouté que le FMI était allé "bien au-delà" de ce que le G-20 lui avait demandé au sommet de Londres d'avril. L'institution a, en effet, porté ses prêts concessionnels à 17 milliards de dollars jusqu'en 2014 et accélère le décaissement de son aide afin que 8 milliards de dollars puissent être mis à disposition au cours des deux années à venir. En outre, le Conseil d'administration du FMI a approuvé la suspension du paiement des intérêts jusqu'à la fin de 2011 pour tous les prêts concessionnels ainsi qu'une baisse permanente des taux d'intérêt. Samira H.