La capacité inutilisée de l'Opep et les stocks de l'OCDE sont encore importants et supérieurs à leurs moyennes historiques. Effleurant la question liée à l'énergie et aux perspectives à court terme des cours du pétrole, le dernier rapport prévisionnel du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives des cours du pétrole fait état de deux facteurs essentiels qui détermineront l'évolution des prix. « Les perspectives à court terme dépendent beaucoup de l'interaction entre la poussée verticale de la hausse de la demande, au fur et à mesure de l'accélération de la croissance en 2010, et la réaction de l'offre. » L'équation est donc à double inconnue. Pour ce qui est de la demande, l'un des principaux acteurs du marché, l'Opep en l'occurrence, a maintenu sa prévision de demande de brut pour 2010, dans son dernier rapport mensuel du mois d'avril. Les prévisions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole pour l'année 2010 tablent sur une consommation mondiale de brut qui devrait augmenter de 0,9 million de barils par jour (mbj). De son côté, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dont le siège est à Paris, a chiffré la hausse de la demande mondiale de brut à 2% durant l'année en cours comparé à 2009, un taux qui correspond à environ 30 000 barils par jour. Mais la hausse de la demande n'est pas le seul facteur déterminant l'évolution des prix. Selon le rapport du FMI sur les perspectives économiques mondiales, il est indiqué que la capacité inutilisée de l'Opep et les stocks de l'OCDE sont encore importants et supérieurs à leurs moyennes historiques récentes, ce qui, d'après le FMI, modérerait pendant quelque temps la poussée à la hausse des cours. « Cela étant, le recours à l'Opep (différence entre la demande mondiale et l'offre des hors-Opep) devrait augmenter sensiblement en 2010, et la dynamique des cours dépendra du bon vouloir des producteurs de puiser dans leur capacité inemployée », précise l'institution de Bretton Woods. A moyen terme, l'évolution des cours dépendra, d'après le FMI, des chances de maintien d'un équilibre durable de l'offre et de la demande. Côté offre, « les découvertes de pétrole ont été encourageantes », estime le FMI, soulignant que les nouveaux gisements dont la découverte a été annoncée au premier semestre 2009 totalisent environ 10 milliards de barils, soit le taux (annualisé) le plus élevé depuis la fin des années 1990. Cependant, bien que les découvertes aient été encourageantes, celles-ci ne suffisent pas pour résoudre tous les problèmes de l'offre, note l'institution de Dominique Strauss-Kahn. Mais il se trouve aussi que l'offre et l'approvisionnement du marché souffrent quelque peu de l'indiscipline de certains membres de l'Opep dans le respect des quotas de production. Le taux de respect des réductions est à estimer à 53%. Les statistiques de l'Opep, qui parlent des pays les plus indisciplinés en matière de respect des quotas, placent l'Angola sur le point culminant de la pyramide avec, sur le tableau de bord, un surplus de production de 429 000 barils par jour. Viendront ensuite l'Iran avec un surplus de 392 000 barils par jour, le Venezuela avec un surplus de 360 000 barils par jour et le Nigeria avec un surplus de 286 000 barils par jour. Quant aux perspectives liées à la demande mondiale de pétrole, le FMI a laissé entendre que l'on « s'attend à une expansion rapide de la consommation de pétrole dans les pays émergents et en développement, nonobstant les gains d'efficacité dus à la baisse de l'intensité énergétique ». La récente modification de la structure des prix relatifs à l'énergie figure aussi parmi les facteurs importants qui vont influer, à long terme, sur la demande de tous les combustibles, si l'ont tient compte du rapport du FMI. « A la différence de ceux du pétrole, les cours du gaz naturel n'ont rattrapé aux Etats-Unis et au Canada qu'une petite partie des pertes subies en 2008-2009, étant donné la rapide hausse de la production résultant du progrès des techniques d'extraction du gaz des schistes bitumineux », lit-on dans le rapport du FMI.