La hausse du cours de l'or noir est survenue dans un contexte particulier dans une période où les spécialistes ne l'attendaient pas, soit au lendemain de la deuxième guerre du Golfe, en avril 2003. Durant cette période, on tablait alors sur une augmentation de la production irakienne et le retour à un prix d'équilibre physique estimé autour de 25 dollars le baril. Mais les prix du pétrole sont repartis à la hausse au cours de l'été 2003, atteignant 29,4 dollars le baril en moyenne en août. Depuis, la spirale ascendante s'est accentuée pour repartir à la baisse en cette fin d'année. La reprise quasi simultanée de la croissance dans toutes les économies du monde, depuis 2003-2004, a fini par entraîner un boom de la consommation de pétrole aux Etats-Unis et en Chine surtout. Ainsi, depuis 2004, le cours du pétrole n'a cessé de voler de record en record. La tendance haussière n'a fait que s'accentuer. Au début de l'année 2006, les cours ont connu une augmentation de 20% (le baril de brent passant de 35 dollars à 42 en moyenne) pour clôturer l'année à un peu plus de 66 dollars avant de baisser, juste après, en dessous de 50 dollars. Mais une demande mondiale de pétrole, assez soutenue, les conditions météorologiques et le développement de la crise entre l'Iran et les pays occidentaux sur le nucléaire avaient fini par faire remonter les cours, dont la tendance haussière s'est accentuée en 2007. Parti de 50,5 dollars à la mi-janvier de la même année, le prix du baril de brent n'a cessé de croître. Il atteignait 78 dollars fin juillet, 96,3 dollars début novembre pour culminer à 108,4 dollars en mars 2008. Selon les spécialistes, trois facteurs expliquent la flambée observée, notamment depuis 2004. D'abord, une forte demande mondiale émanant notamment de la Chine, désormais second importateur mondial derrière les Etats-Unis. Ensuite, les tensions géopolitiques (Venezuela, Nigeria, situation au Moyen-Orient, affaire Ioukos en Russie, faiblesse des stocks pétroliers et insuffisance d'investissements dans les capacités de raffinage aux Etats-Unis). Enfin, les conditions météologiques difficiles et la répétition des ouragans aux etats-Unis, qui poussaient à des achats massifs de nature spéculative. La spirale de la hausse s'est ainsi poursuivie en dépit du maintien de l'offre globale de pétrole brut qui sert à couvrir les besoins de consommation. La faiblesse du dollar a également contribué à un pétrole cher. Le marché pétrolier a fini par connaître un niveau record en juillet 2008 avec un prix de l'ordre de 147,5 dollars le baril. Un niveau qualifié d'«irréel» par les spécialistes au même titre que les cours d'aujourd'hui. Des cours en chute continue. En effet, après avoir atteint le record historique de 147,5 dollars en juillet 2008, le prix du pétrole est passé sous les 45 dollars le baril en cette fin d'année. Et ce, en raison de la crise financière mondiale qui s'est propagée à travers le monde de manière rapide en provoquant un ralentissement de l'activité économique dans différents secteurs, donc une baisse de la demande. Depuis le début de la crise financière, les cours n'ont fait que creuser leurs pertes, jouant parfois le redressement. En l'espace de trois mois, les cours ont perdu plus de 70% de leur valeur atteinte en juillet. La décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réduire sa production de 1,5 million de baril par jour n'a rien changé à la situation du marché pétrolier.Au contraire, les cours du pétrole ont poursuivi leur mouvement de recul face aux perspectives économiques particulièrement pessimistes, incitant à considérer que le pétrole est entré dans une période de prix bas dont la durée sera fonction de l'ampleur de la récession. Certains économistes n'envisagent pas de sortie avant douze à dix-huit mois. La coupe sévère annoncée pour le 17 décembre à l'occasion de la réunion extraordinaire de l'OPEP réussira t-elle à changer les cours ? S. I.