Plombé par la crise économique et le virus H1N1, le tourisme international vit une année noire, mais devrait commencer à remonter timidement la pente en 2010, selon les participants à l'assemblée générale de l'Organisation mondiale du tourisme réunie à Astana. "Certains signes laissent penser qu'on pourrait assister à un début de reprise en 2010, mais nous n'attendons pas d'amélioration majeure d'ici la fin de l'année", a déclaré Taleb Rifai, élu lundi secrétaire général de l'OMT. "Des incertitudes persistent" sur la solidité de la reprise de l'économie mondiale et l'OMT reste "préoccupée" par les effets sur l'industrie touristique de la grippe H1N1, qui fait des ravages dans l'hémisphère nord, a-t-il ajouté. Un léger mieux est apparu en juillet, avec un ralentissement de la baisse de l'activité touristique à 4%, après des chutes de 10% en mai et 7% en juin. Au final, "nous devrions terminer l'année sur un recul de 5% en moyenne", a estimé M. Rifai. "Nous sommes toujours dans le rouge, mais nettement moins qu'avant. Au troisième trimestre, nous devrions passer en territoire positif", a commenté son prédécesseur Francesco Frangialli. Présentant sa "feuille de route pour la relance", Taleb Rifai a appelé les gouvernements à lever "les obstacles à la croissance" et à accorder des "réductions temporaires des taxes qui pèsent sur les voyages" et à "encourager les investissements liés au tourisme vert". De nombreux pays ont déjà pris des mesures pour attirer des visiteurs comme la Chine (suppression d'une taxe de 5% dans les restaurants), la Thaïlande (suspension des frais de visa) ou encore l'Autriche (crédits avantageux pour les entreprises du tourisme). En France, les mesures du gouvernement favorisant des investissements dans le secteur hôtelier et la baisse de la TVA dans les restaurants ont permis au secteur "de ne pas subir trop brutalement les effets de la crise", a fait valoir Jacques Augustin, chef de la délégation française. Partout dans le monde, la crise a incité les vacanciers à redécouvrir leur propre pays: le tourisme interne a ainsi progressé entre 2 et 3% cette année selon l'OMT, sans pouvoir compenser la chute brutale du nombre de visiteurs étrangers. "La reprise du tourisme ira de pair avec la sortie de récession dans le monde", mais "les catastrophes naturelles en Asie pèsent sur l'activité", a estimé Geoffrey Lipman, sous-secrétaire général de l'OMT. L'année 2010 sera "très difficile" pour l'industrie touristique dans la mesure où "le chômage reste élevé dans les pays industrialisés", a tempéré Jean-Claude Baumgarten, président du Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), principale association de grands patrons du secteur. L'Europe et l'Amérique du Nord sont les zones les plus touchées par la crise, avec des baisses autour de 8% sur les sept premiers mois. L'Asie (-6,5%) et l'Amérique du Sud (-0,8%) s'en sortent mieux, mais la palme revient à l'Afrique, avec une croissance de 4,4%. En Allemagne, l'heure est à l'optimisme modéré: "les mesures de relance de l'économie vont se répercuter sur le tourisme", estime le chef de la délégation Ralf Zepperninck. La baisse des visiteurs étrangers en Allemagne depuis le début de l'année a ralenti à -6% fin juillet, contre -7% en juin. Et même au Mexique, pays dont le tourisme a été sinistré par la grippe H1N1, les indicateurs sont au vert: "la situation est redevenue normale et nous sommes très optimistes pour 2010", assure Alfredo Perez Bravo, ambassadeur du Mexique en Russie.