Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, a exhorté mardi les Etats-Unis à s'engager sur le long terme aux côtés de son pays, de l'Afghanistan et de la région entière. Son appel intervient en pleine réflexion du président Barack Obama sur la révision de la stratégie américaine en Afghanistan, où l'état-major le presse d'envoyer des renforts tandis que des responsables militent pour une mission réduite et plus ciblée contre l'insurrection. A l'issue d'un entretien avec son homologue Hillary Clinton, Qureshi a fait allusion à la décision américaine d'abandonner l'Afghanistan aux militants locaux après le retrait soviétique en 1989, et a demandé à Washington d'en tirer les leçons. "Ce que nous souhaitons désormais, c'est un engagement à long terme", a dit le ministre pakistanais à la presse. "Pourquoi dis-je cela ? Parce que la population de la région doit être rassurée sur le fait que les Etats-Unis ont une vision à long terme, pas seulement pour l'Afghanistan ou le Pakistan, mais pour toute la région", a-t-il ajouté. "Il faut garder à l'esprit l'incohérence du passé et nous devons apprendre à tirer les leçons des erreurs du passé", a-t-il insisté, sans évoquer ouvertement l'Afghanistan. Le Pakistan est considéré par les Etats-Unis comme un acteur clé de la région, comme en témoigne le texte adopté au Congrès le 30 septembre pour tripler l'aide non militaire à Islamabad, portée à 1,5 milliard de dollars annuels pendant cinq ans. Beaucoup de Pakistanais estiment que Washington souffle le chaud et le froid avec eux au gré de ses seuls intérêts, et l'administration Obama tente de battre cette idée en brèche, notamment avec cette aide qui doit contribuer au développement économique et social. Après un entretien avec Qureshi, le sénateur démocrate John Kerry, co-auteur du texte sur l'aide, a souligné que les Américains ne voulaient pas s'ingérer dans les affaires internes d'Islamabad et qu'aucune condition préalable n'était posée. Seule l'aide militaire s'accompagne de dispositions stipulant qu'elle sera suspendue si le Pakistan ne participe pas à la lutte contre les "terroristes" et au démantèlement des réseaux de la prolifération nucléaire.