Dans son dernier rapport, le département américain de l'Agriculture (USDA) a, une nouvelle fois, relevé ses prévisions de production mondiale de blé pour la campagne 2009/2010 alors que le stock final de fin de campagne reste relativement stable. Lors de ses estimations mensuelles sur l'offre et la demande mondiales publiées vendredi dans un rapport, l'USDA a fait savoir que la production mondiale de blé sera relevée de 4,4 millions de tonnes (Mt) à 668,12 Mt contre 663,72 Mt prévues le mois dernier, et 682,32 Mt récoltées lors de la campagne 2008/2009. Toutefois, les stocks mondiaux de blé à la fin de campagne 2009/10 restent relativement stables (186,73 Mt contre 186,61 Mt en septembre), la consommation mondiale (+2 Mt à 648,15 Mt) absorbant une partie de la hausse de la production. Par rapport au mois de septembre, les récoltes sont revues à la hausse au Canada (+2 Mt à 24,50 Mt), aux Etats-Unis (+1 Mt à 60,42 Mt), dans l'UE-27 (+0,6 Mt à 139,08 Mt), en Russie (+1 Mt 57,50 Mt), au Kazakhstan (+0,50 Mt à 15 Mt) et en Australie (+0,50 Mt à 23,50 Mt). Pour ce qui est du soja , le département américain de l'Agriculture prévoit une production record de graines de soja aux Etats-Unis . 88,45 millions de tonnes (Mt) contre 88,32 Mt estimés le mois dernier. Cependant, la hausse de la production s'est répercutée sur les cours des céréales au grand malheur des pays producteurs. En effet, aléas climatiques et spéculation ont accentué l'instabilité des marchés alimentaires mondiaux. Les fonds spéculatifs se retirent du marché très instable des matières premières agricoles. Les cours ont donc chuté . Les cours des céréales ont perdu plus de 12 % depuis janvier. Les matières premières agricoles sont à la traîne. Les prix des céréales, qui avaient bien augmenté l'an dernier, accentuent leur repli à - 8,4% à fin septembre. Ils sont désormais inférieurs de 38,6% à ceux de septembre 2007. Même tendance pour les oléagineux dont les prix tombent de 8,6% sur un mois et 1,6% sur une année. Les fruits ne sont pas épargnés non plus par ce phénomène avec une diminution de 4,2% en septembre et 4,9% sur une année. Même les prix du vin diminuent (- 2% sur un mois) tandis que ceux des productions animales sont en recul de 0,5%. Seul le prix du lait qui réagit avec un effet retard d'un semestre était épargné par ce mouvement baissier mais il interviendra au quatrième trimestre. Trois facteurs principaux expliquent cette contre-performance. "La crise financière a fini par réagir sur le cours de matières premières agricoles, explique Marie Besson, directrice de la communication des chambres d'agriculture. Et la bulle spéculative, à l'origine des fortes hausses sur certains produits comme le blé l'an dernier, a fini par éclater". Autre explication : la demande atone sur le marché intérieur, depuis la rentrée, de certains produits comme la viande où les prix des bovins par exemple baissent de 1,4% en septembre. Enfin, l'offre internationale a été plus volumineuse après des conditions climatiques défavorables l'an dernier. C'est, par exemple, le cas de la poudre de lait en Australie et en Nouvelle-Zélande qui avaient été touchées en 2007 par une sécheresse exceptionnelle et de l'Ukraine pour la production de blé, remarquent les spécialistes. Autre source d'inquiétude pour le revenu des agriculteurs : l'effet ciseau entre la baisse des cours de leur production et la hausse des matières premières telle l'énergie qui augmente de 29,7% sur un an et des engrais et amendements qui explosent de 62,5% à fin septembre. Les agriculteurs européens sont en grogne. Ils sont sortis dans les rues pour crier leur colère. En Algérie, les intermédiaires et les spéculateurs règnent sur le marché des produits agricoles et alimentaires de large consommation sans que personne ne bouge le petit doigt ! Dalila B.