Malgré quelques signes de résistance, la Méditerranée continue d'être touchée par le ralentissement économique international. Après une année 2008 marquée déjà par un recul certain, les investissements directs étrangers (IDE) en direction des pays Med ont subi une forte décélération depuis le 1er janvier 2009, tant en termes de nombre de projets qu'en montants. Selon l'observatoire des IDE en Méditerranée, Anima-Mipo, 226 projets d'IDE ont été détectés au 1er semestre 2009, contre 456 durant le premier semestre 2008, soit une baisse de 50%. En termes de montants, la chute est encore plus brutale : 19 milliards d'euros en montants bruts et 9,8 milliards en montants lissés, soit -51% par rapport au rythme de 2008, et même -60% par rapport au premier semestre 2008. Avec 2,8 milliards d'euros en montants lissés, l'énergie reste en tête et reçoit 29% du total des annonces d'IDE détectées au cours du premier semestre (33 projets, principalement et sans surprise en Algérie et en Egypte, mais également en Turquie où le partenariat Borusan-EnBW investit 1 milliard d'euros sur 3 ans pour implanter 1000 MW dans l'éolien et l'hydroélectrique). Boom des infrastructures oblige, le nombre des projets dans la construction et les infrastructures ne faiblit pas également. Sur les 24 projets dédiés au secteur enregistrés pendant le premier semestre 2009, 8 vont à la Turquie (création d'une usine de fabrication d'infrastructures de transport ferroviaire par l'allemand Vossloh Group, dynamisme du promoteur britannique Dolphin Capital Investors qui construit un port près de l'aéroport d'Antalya et des résidences près de Kalkan, etc.). En Egypte, les zones industrielles continuent de sortir de terre, avec par exemple le projet du Consorci de la Zona Franca de Barcelona et l'égyptien Pyramids Industrial Parks dans la ville de Tenth of Ramadan, destiné à attirer des projets textiles et mécaniques. A noter, en Jordanie, l'investissement réalisé par le français Degrémont qui remporte un nouveau contrat pour approvisionner en eau la capitale du pays, tandis qu'en Syrie le marseillais CMA-CGM obtient la concession d'un terminal à conteneurs du port de Lattaquieh. Entre le 1er janvier et le 30 juin 2009, près de 2,6 milliards d'euros d'IDE ont été consacrés par les opérateurs étrangers au secteur des télécoms. Avec son marché de 70 millions de consommateurs, la Turquie attire 8 projets d'IDE, portés pour la plupart par des opérateurs mobiles déjà implantés dans le pays. En Tunisie, c'est France Télécom associé en JV avec le local Divona qui remporte la 3e licence de téléphonie fixe et mobile, tandis qu'au Liban, le koweïtien Zain décroche une extension d'un an pour la gestion du second réseau mobile libanais. En nombre de projets, le secteur bancaire ne représente plus que 8% des IDE (18 projets, dont ceux du français BNP Paribas qui ouvre plusieurs dizaines de nouvelles agences en Turquie et en Egypte), suivi par les médicaments (5,4% des projets) et le textile (3,1%). Rééquilibrage de la distribution des IDE dans les pays Med, consolidation du leadership européen dans la provenance des IDE. Après une année 2008 marquée par la prééminence de la Turquie, qui attirait à elle seule 60% des montants d'IDE de la région, le 1er semestre 2009 fait place à un rééquilibrage régional. Le Machreck conserve la place qu'il occupait en 2007 avec environ 15% des montants d'IDE, et le Maghreb se taille la part du lion avec la moitié des montants d'IDE annoncés. Dans son rapport sur l'investissement étranger (World Investment Report 2009 - WIR 2009) publié le 17 septembre 2009, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) prévoit, rappelons-le, pour l'année 2009, une chute des IDE de l'ordre de 29% à l'échelle mondiale. Toujours selon la Cnuced, dans les pays Med, la création de projets greenfields (projets d'IDE entièrement nouveaux) a chuté de -28% au 1er trimestre 2009, une tendance baissière confirmée par Anima. Lotfi.C