Ces dernières années, l'Union européenne s'est beaucoup tournée vers son Est proche, les pays des Balkans, mais aussi vers les pays lointains comme l'Inde et la Chine. Cependant, elle négligeait le formidable potentiel que représentent les pays du sud de la Méditerranée: une population dynamique, sur des marchés en forte croissance située sur les mêmes fuseaux horaires que l'Europe. Une " erreur " que l'UE veut corriger en créant un projet nommé " Invest in Med ", doté d'un capital de 12 millions d'euros et co-financé par la Commission européenne, dont l'objectif est d'encourager les investissements européens dans la région et de tisser des relations solides entre les entreprises des deux rives. Le projet, qui durera 36 mois et impliquera les 27 pays de l'Union européenne et les 9 pays partenaires du sud de la politique européenne de voisinage (IEVP) : Algérie, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Syrie et Tunisie), a l'ambition d'accroître le volume et la qualité des investissements et du commerce euro-méditerranéen, et contribuer à un développement économique durable de la région. Les actions qui seront mises en œuvre dans le cadre de ce projet comprennent des programmes de formation et de coaching, des rencontres d'affaires, des conférences, la participation à des salons professionnels, des échanges de personnels ainsi que le développement d'outils pratiques pour guider les entreprises dans la région. Les bénéficiaires de ce programme seront les investisseurs et les entreprises, en particulier les PME, les organisations représentant les entreprises ainsi que les agences et institutions en charge de faciliter le développement des affaires. Selon le Secrétaire général d'Eurochambres, Arnaldo Abruzzini, les entreprises européennes s'attendent à un nouveau boom de croissance des marchés méditerranéens, et l'avenir de certains secteurs dépend des partenaires du Sud. L'injection de capitaux dans ces économies accélérera la création d'emplois et le transfert de savoir-faire, ce qui bénéficiera aux deux rives. Un avis qui est d'ailleurs partagé par la Secrétaire générale de Business Med, Monia Skhiri, qui soutient le projet et le qualifie de très important pour la relance des relations d'affaires entre le Nord et le Sud, et participera d'une meilleure intégration des réseaux d'affaires, ce qui est crucial, selon elle, pour le secteur privé aujourd'hui confronté au challenge de la compétitivité et de la productivité. A noter que la dynamique insufflée par le train de libéralisation depuis le processus de Barcelone a en effet boosté les affaires entre les deux rives. Les exportations entre Med et UE ont crû de 10% par an en moyenne entre 2000 et 2006 (en particulier l'Algérie et l'Egypte avec 17%, mais aussi la Tunisie, Syrie et Jordanie avec 6%). Les importations sud- méditerranéennes depuis l'UE 27 ont également augmenté, mais plus lentement (4% entre 2000 et 2006). Le commerce de la Méditerranée avec l'UE (hors Turquie) a atteint 120 milliards d'euros en 2006, ce qui représente plus de 5% du commerce extérieur de l'UE. Adnane Cherih