Le projet d'accord proposé le 21 octobre par l'Agence vise à apaiser les inquiétudes des grandes puissances sur la nature des activités nucléaires iraniennes. L'Iran accepte le «cadre» du projet d'accord international prévoyant le transfert d'une partie de son uranium faiblement enrichi à l'étranger pour obtenir du combustible, mais réclame d'«importants changements», selon la télévision iranienne Al-Alam. «L'Iran accepte le cadre général du projet d'accord mais veut d'importants changements», a déclaré une source proche des négociations, citée hier par la chaîne de télévision iranienne en langue arabe Al-Alam. Cette source a ajouté que l'Iran donnerait sa réponse officielle «dans les prochaines 48 heures» à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui a de son côté refusé de commenter cette information. Le projet d'accord proposé le 21 octobre par l'Agence vise à apaiser les inquiétudes des grandes puissances sur la nature des activités nucléaires iraniennes. Les Etats-Unis, la Russie et la France l'ont approuvé vendredi, mais Téhéran a réclamé un délai pour continuer de l'examiner. Selon des diplomates occidentaux, il prévoit que l'Iran livre, d'ici fin 2009, 1200 kg d'uranium enrichi à moins de 5% pour le faire enrichir à 19,75% en Russie, avant que la France n'en fasse des «coeurs nucléaires» pour le réacteur de recherche de Téhéran. Les «changements» évoqués hier par la source citée par Al-Alam pourraient porter sur les modalités de livraison et la quantité d'uranium livrée, plusieurs responsables iraniens ayant rejeté l'idée de livrer un volume aussi important, sur un stock total proche de 1500 kg. Le secrétaire du Conseil de discernement, Mohsen Rezaï, un ancien chef des Gardiens de la révolution, avait ainsi déclaré il y a deux jours que Téhéran devait conserver 1100 kilos d'uranium enrichi. Lundi, le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a affirmé que son pays n'avait pas encore choisi entre deux options: acheter le combustible ou l'obtenir en échange d'une partie de son uranium. Mais alors que plusieurs responsables iraniens avaient critiqué le projet d'accord samedi et dimanche, deux influents députés se sont montrés hier beaucoup plus favorables. «En tenant compte des efforts mutuels, on peut dire que l'accord de Vienne est une victoire pour les deux parties», a estimé Seyed Hossein Naghavi Hosseini, membre de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, cité par l'agence officielle Irna. Pour sa part, le chef de cette même commission, Allaeddine Boroujerdi, a suggéré que l'Iran échelonne ses livraisons «L'Iran peut livrer l'uranium (faiblement enrichi) en plusieurs étapes pour obtenir les garanties nécessaires pour l'obtention du combustible», a déclaré M.Boroujerdi, cité par l'agence Ilna. Autre membre de cette commission, le puissant député conservateur Muhammad Kosari a toutefois rejeté l'accord, et prédit que les parlementaires le rejetteraient à une large majorité. On ignore cependant si le Parlement seraient sondé, dans l'hypothèse où Téhéran approuve le projet d'accord. Plusieurs capitales occidentales accusent la République islamique de chercher à acquérir l'arme nucléaire sous couvert d'activités civiles, ce que Téhéran dément. La question de l'enrichissement d'uranium est au coeur de ce dossier, puisque, si l'uranium faiblement enrichi est utilisé dans les centrales nucléaires, le minerai fortement enrichi (90%) permet l'élaboration d'armes nucléaires. Les puissances du groupe des «Six» (Chine, Russie, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Allemagne) se sont entretenues lundi sur la «nécessité d'une approche unie» sur ce dossier, a dit le porte-parole du département d'Etat Ian Kelly, alors que Moscou a appelé la communauté internationale à un «maximum de patience». M.Kelly a également indiqué que Javier Solana, le diplomate en chef de l'Union européenne, était en train d'essayer de mettre sur pied une nouvelle réunion entre l'Iran et les représentants des six puissances après celle de Genève qui avait eu lieu le 1er octobre.