L'AIEA a soumis hier « un projet d'accord » aux négociateurs iraniens, américains, russes et français sur lenrichissement à l'étranger d'une partie de l'uranium iranien à usage civil. Un accord entre l'Iran et les puissances nucléaires est considéré comme crucial pour tenter d'apaiser les tensions sur le programme nucléaire controversé dont Téhéran affirme qu'il est purement civil alors que les pays occidentaux suspectent l'Iran de viser la fabrication d'une bombe atomique. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, a annoncé après deux jours et demi de négociations avoir envoyé le texte aux capitales des pays discutant à Vienne en précisant que « le délai pour que les parties se prononcent et donnent, j'espère, leur approbation, expire vendredi ». Ce « projet d'accord reflète, à mon avis, une approche équilibrée », a-t-il ajouté sans en révéler les détails. Selon des diplomates interrogés sur place, le projet d'accord demande à l'Iran, comme prévu, d'exporter la plus grande partie de l'uranium faiblement enrichi dans ses usines. Le responsable français au Quai d'Orsay du dossier nucléaire iranien, Jacques Audibert, a indiqué qu'il s'agissait, « jusqu'à la fin 2009, d'environ 1200 » des 1500 kg jusque-là faiblement enrichis par l'Iran malgré l'opposition du Conseil de sécurité de l'ONU. Il s'agissait de déterminer « les modalités et le moyen d'assurer que l'Iran aura le combustible requis pour son réacteur de recherche », selon M. El Baradei, qui n'a pas indiqué si l'Iran approuvait le texte. L'ambassadeur iranien, Ali Ashgar Soltanieh, a laconiquement lancé aux journalistes que « tous les détails seront révélés vendredi », ajoutant que l'Iran sera en position « d'obtenir le combustible » pour son réacteur de recherche. M. El Baradei a d'ailleurs précisé qu'il s'agissait d'une « mission à objectif purement humanitaire » car ce réacteur de recherche est « utilisé pour produire des isotopes médicaux » utilisés dans le traitement de certains cancers. Les russes en chef d'orchestre S'adressant à Téhéran, il a suggéré qu'une mesure-clé pour rétablir la confiance avec les Occidentaux serait de ne pas « transformer d'uranium enrichi » en combustible en Iran même, ce que Téhéran a jusqu'à présent refusé. « Nous sommes les maîtres de la technologie de l'enrichissement », a encore affirmé hier M. Soltanieh, ajoutant que les Iraniens « pourraient produire eux-mêmes le combustible pour ce réacteur nucléaire ». « Mais, a-t-il relevé, nous avons décidé que nous recevrons le combustible de producteurs potentiels prêts à le fabriquer, sous les auspices de l'AIEA. » Alors que Téhéran avait indiqué mardi vouloir exclure la France de l'accord, M. Soltanieh a précisé : « La France a annoncé qu'elle était prête » à faire partie du contrat. « Mais, bien entendu, comme vous l'aurez constaté, les Russes sont responsables de l'ensemble du contrat. » Ces propos laissent penser qu'un compromis a été négocié à Vienne selon lequel la Russie serait responsable pour l'enrichissement de l'uranium à 19,75%, tel que le demande l'Iran, et qu'elle sous-traiterait ensuite à la France la mise au point des cœurs nucléaires pour le réacteur de recherche. Ainsi, il n'y aurait pas de négociation directe entre la France et l'Iran. L'Egyptien M. El Baradei, prix Nobel de la paix en 2005, qui quittera ses fonctions à l'AIEA fin novembre, a également souhaité que toutes les parties prennent conscience que « cet accord pourrait préparer la voie à une normalisation totale des relations entre l'Iran et la communauté internationale ». La réunion de Vienne, qui se tenait depuis lundi à huis clos au siège de l'AIEA, avait été décidée après 15 mois de gel des relations, le 1er octobre à Genève, entre l'Iran et les pays du groupe des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne).