Alan Johnson, premier responsable du Home Office, réclame à la justice un nouveau délai de réflexion jusqu'au 29 janvier prochain. Sa décision devait être connue le 6 décembre au plus tard. Le gouvernement britannique n'est pas encore prêt à rendre sa décision sur l'extradition d'Abdelmoumen Rafik Khelifa vers l'Algérie. Selon des informations obtenues hier auprès de maître Ben Brandon, avocat de l'ex-milliardaire, Alan Johnson, le premier responsable du Home Office – ministère de l'intérieur – vient de réclamer un nouveau délai jusqu'au 29 janvier prochain, pour se prononcer. La décision du gouvernement britannique devait être connue, au plus tard, lundi prochain. Le 6 décembre a été la date butoir fixée par le tribunal londonien de Westminster dans cette affaire. À vrai dire, ce n'est pas la première fois que le Home Office joue les prolongations. Au lendemain du verdict rendu par le juge Timothy Workman, le 25 juin dernier, en faveur du transfert de l'ex-Golden Boy, tout le monde, avocats et diplomates compris, pensaient qu'Alan Johnson ne tarderait pas à trancher, en cautionnant ou pas le verdict du tribunal. Une décision était attendue pour la fin du mois d'août. Mais sans évoquer des raisons précises, les services du ministère de l'intérieur sollicitent une période de réflexion plus longue. La justice accepte et accorde au Home Office un délai jusqu'au 24 octobre. À Alger, le garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, le confirme. Quelques jours avant l'expiration du délai, il persistait encore à dire que la décision du gouvernement britannique allait être rendue, à la date arrêtée. Or, au même moment à Londres, la défense de Khelifa sait déjà qu'aucune annonce ne sera faite le 24 octobre. La veille, une audience est organisée au tribunal de Westminster au cours de laquelle des représentants du Home Office obtiennent un sursis. En guise d'argument, ils affirment vouloir étudier des documents supplémentaires liés au dossier d'extradition que la défense leur a transmis. Est-ce vrai ? Le gouvernement britannique n'est-il pas plutôt en train de gagner du temps ? Et pourquoi ? Naïvement, on aurait tendance à penser que ce genre de décision est facile à prendre dès lors que la justice, institution indépendante, a rendu son verdict. En février dernier, le Home Office avalisait dans la même journée un arrêt de la Cour suprême concernant le renvoi en Algérie de présumés terroristes. Dans l'affaire Khalifa, les enjeux semblent différents. “Contrairement à celle du juge, la décision du gouvernement est politique”, résume Me Brandon. La sentence d'Alan Johnson fixera le sort de Khelifa. En cas d'acceptation, sa défense compte d'ores et déjà introduire un appel auprès de la Haute-Cour. Cela fait bientôt deux ans que le dossier d'extradition de l'ancien milliardaire est ouvert. Sur le plan judiciaire, les auditions ont duré 15 mois. Elles avaient commencé en mars 2008. Arrêté en 2006 par une brigade financière de Scotland Yard, Khelifa est en détention dans une prison londonienne. En cas d'extradition, le gouvernement algérien s'est engagé à le rejuger. En mars 2007, il avait été condamné à la réclusion à perpétuité par le tribunal de Blida dans le cadre du procès d'El Khalifa Bank.