Un colloque de deux jours sur "l'aménagement urbain et le développement durable" a été organisé mardi et mercredi à l'Université des sciences et de la technologie "Mohamed Boudiaf" (USTO) en collaboration avec le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC). Une occasion pour les intervenants de souligner la nécessité d'une vision à long terme pour le concept urbain. Cette rencontre de deux jours a pour objectif, faut-il le savoir de "mettre à jour les nouvelles compréhensions dans les modes d'intervention urbaine", ont indiqué les organisateurs. "Il s'agit d'adopter de nouvelles visions en matière d'aménagement urbain qui complètent les objectifs économiques par les objectifs écologiques", a précisé la coordinatrice de cette manifestation scientifique, Ammara Bekkouche. "Considérer uniquement l'aspect matériel pour répondre aux attentes des citoyens, comme dans le cas de la réalisation de logements, peut avoir un effet destructeur sur leur besoin "immatériel", notamment sur le plan environnemental qui procure détente et bien-être", a-t-elle expliqué. Et d'ajouter, à titre d'exemple, une vision à long terme suggère que l'extension d'une ville se fasse en cohérence avec son environnement, ses espaces verts et ses potentialités symboliques, architecturales et patrimoniales. "Certes, l'habitat est une priorité majeure en Algérie, et le développement durable dans ce domaine exige encore des études sur les rapports avantages-coûts", a observé Mme Bekkouche qui est professeur à la faculté d'architecture de l'USTO et chercheur au CRASC. "Dans les années 1990, l'Algérie a initié une opération généralisant l'élaboration des plans directeurs d'aménagement urbain (PDAU), et depuis, la mise en veilleuse de cette expérience s'apparente à une forme d'échec qui nous interpelle pour nous resituer parmi les défis du 21ème siècle", a-t-elle estimé. Le professeur Djilali Sari, de l'université d'Alger, a rappelé, dans une conférence intitulée "Approche méthodologique d'étude des zones à risque en milieu urbain", que la bande littorale du pays "concentre à elle seule plus d'un tiers de la population avec une moyenne de 245 habitants/km2, et que du littoral à la limite Nord de l'Atlas Saharien on en compte un peu plus de la moitié avec 60 hab/km2". Ces données, datées de 1998, doivent être, selon M. Sari, "plus élevées, compte tenu de ces espaces géographiques occupés dans leur plus grande extension par les montagnes et fortes pentes tandis que la bande littorale est en grande partie rocheuse et encadrée par de hautes falaises". Pour cet universitaire, "aussi bien cette zone que le Tell qui accuse lui aussi de très fortes densités et fixe la plus grande partie du réseau urbain, la superficie totale constitue une zone à risque tant pour la population que pour les équipements". Après avoir cité des exemples de catastrophes naturelles meurtrières (séisme, inondations) survenues ces dernières années dans le pays, il a également évoqué d'autres phénomènes aux effets destructeurs à l'instar des "rejets industriels à l'air libre contaminant la nappe phréatique et l'érosion accélérée lesquels détruisent annuellement des milliers d'hectares souvent arables". En tout état de cause, a-t-il poursuivi, "ces exemples soulèvent nombre de problèmes à prendre en considération pour la prévention et la protection des zones les plus vulnérables, avec programmation d'évacuation de leurs populations les plus exposées et de la localisation optimale des futures implantations prenant en compte les données du milieu naturel et respectant les normes internationales". Le sujet abordé par Djilali Sari sera développé dans le cadre d'un des ateliers de cette rencontre, consacrés aussi aux thèmes "Croissance urbaine et développement durable", "Problématique des transports et des modes de déplacement", "Les stratégies d'intervention urbaine et développement durable", "Les stratégies d'aménagement et développement durable" et "Confort et qualité de vie".