La 4e conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), débute, aujourd'hui, à Charm el-Cheikh, en Egypte. En compagnie du président égyptien, Hosni Moubarak, le premier ministre Wen Jiabao donnera, aujourd'hui, le coup d'envoi de ce forum. Il doit y dévoiler une "feuille de route" pour la coopération jusqu'en 2012. L'Algérie, sera représenté par le ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président de la République Abdelaziz Bouteflika. Cette rencontre marque le 3e anniversaire du Sommet de Beijing du FCSA, tenu en novembre 2006, à laquelle l'Algérie a également participé, et où le gouvernement chinois avait annoncé d'importantes mesures concrètes visant à promouvoir la coopération sino-africaine. Selon le projet de plan d'action, à mettre en oeuvre entre 2010 et 2012, la Chine apprécie l'idée et la pratique des "solutions africaines aux problèmes africains" et continuera à soutenir activement les organisations régionales africaines, notamment l'Union africaine (UA), et les pays concernés dans leurs efforts pour le règlement des conflits régionaux. Au niveau économique, la Chine et l'Afrique accorderont la priorité, dans leur coopération, à l'agriculture et à la sécurité alimentaire. Les deux parties chercheront, en particulier, à élargir leur coopération dans les domaines tels que la construction des infrastructures agricoles, la production de céréales, l'élevage, l'échange et le transfert de technologies agricoles pratiques, la transformation, le stockage et le transfert des produits agricoles, précise le document. D'ailleurs, la chine prévoit d'envoyer, d'ici trois ans, des missions techniques agricoles en Afrique et former un certain nombre de techniciens agricoles africains, pour accroître le nombre de centres agricoles de démonstrations technologiques. Vers une coopération économique et commercial multiforme Selon le projet de plan d'action, les deux parties feront évoluer leur coopération économique et commerciale vers une coopération multiforme comprenant à la fois le commerce des marchandises, l'investissement, le commerce des services, les technologies et la réalisation de projets de construction. La Chine s'engage, à cet effet, à ouvrir davantage son marché aux pays africains et accordera le traitement de tarif douanier zéro à davantage de produits en provenance des pays les moins avancés (PMA) africains. Un centre de promotion des produits africains sera également créé en Chine, et les entreprises africaines qui y seront installées bénéficieront des politiques préférentielles pour promouvoir les exportations africaines vers la Chine. Pour cela, des centres logistiques seront créés en Afrique pour contribuer à l'amélioration des infrastructures commerciales. En moins de dix ans, la relation entre la Chine et l'Afrique a connu un spectaculaire essor. Les échanges commerciaux ont décuplé, atteignant 107 milliards de dollars en 2008, en hausse de 45 % sur un an. Ils ont dépassé pour la première fois les échanges avec les Etats-Unis. Les investissements directs chinois en Afrique ont aussi bondi de 490 millions de dollars en 2003 à 7,8 milliards de dollars l'année dernière. Lors de sa quatrième tournée africaine en février dernier, le président Hu Jintao a souligné qu'il allait à la rencontre d'"amis" et non de simples "fournisseurs". On reproche souvent à la Chine de ne voir en Afrique qu'un vaste sous-sol d'où l'on extrait pétrole et minerais stratégiques. De fait, les importations chinoises sont écrasées par l'or noir (39 milliards sur un montant de 56 milliards de dollars). La Chine répond que partout, et notamment dans des pays d'où les Occidentaux se sont désengagés, elle construit routes, ponts ou centrales électriques. En juillet 2008, un rapport de la Banque mondiale a reconnu que les investissements massifs de la Chine contribuaient à réduire la pauvreté dans des pays délaissés d'Afrique. Avec l'Afrique, la Chine abandonne sa posture de grande puissance montante pour jouer sur le tableau d'un pays encore émergent. C'est ce qu'a exprimé récemment le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, rappelant que "la Chine est le plus grand pays en développement, tandis que l'Afrique comprend le plus grand nombre de pays en développement". Adnane Cherih