Le président américain Barack Obama a rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu loin des projecteurs lundi, au moment où piétinent les efforts de Washington pour relancer les pourparlers de paix au Proche-Orient. Netanyahu, qui avait dans la journée publiquement exhorté le président palestinien Mahmoud Abbas à négocier immédiatement en renonçant à demander au préalable le gel des colonies juives, est arrivé à la nuit tombée à la Maison blanche. Contrairement aux usages habituels lors de la visite d'un Premier ministre israélien, aucun journaliste ni caméra de télévision n'ont été admis à pénétrer dans le bureau ovale. L'entretien s'est terminé au bout d'une heure 40 minutes, a déclaré la Maison blanche en n'offrant aucun détail sur le contenu des discussions, précisant seulement qu'outre les moyens de faire avancer la paix au Proche-Orient, l'Iran et les questions de sécurité avaient aussi été évoqués. Avant l'entretien, un haut responsable israélien avait fait savoir que Netanyahu comptait dire à Obama sa volonté d'avancer et assurer qu'Israël serait "généreux dans la limitation" des constructions dans les colonies juives en Cisjordanie occupée, afin de favoriser la reprise de discussions de paix. Mahmoud Abbas a annoncé la semaine dernière qu'il n'avait pas l'intention de se représenter à la présidence lors de l'élection palestinienne du 24 janvier, estimant ne plus être soutenu par les Américains sur son exigence d'un gel total des activités de colonisation comme condition à la reprise des pourparlers. Devant un forum de dirigeants juifs d'Amérique du Nord, Netanyahu a déclaré qu'"aucun gouvernement israélien ne s'était montré aussi désireux de limiter l'activité de peuplement". "Je dis aujourd'hui à Abbas: saisissons ce moment pour conclure un accord historique. Entamons des discussions immédiatement", a ajouté le Premier ministre israélien. La défection de Mahmoud Abbas, partenaire de paix modéré soutenu par les Occidentaux, fait planer une lourde incertitude sur l'avenir d'un processus de paix déjà à la peine. Le président israélien Shimon Peres l'a exhorté à revenir sur sa décision, une invitation que Benjamin Netanyahu n'a pas reprise à son compte lors de son discours devant les Fédérations juives d'Amérique du Nord. Le Premier ministre israélien rejette un gel complet des activités de colonisation, comme l'exige la feuille de route pour la paix de 2003. Il propose de limiter temporairement les constructions dans les colonies à 3.000 unités de logement, ajoutant que Jérusalem-Est ne doit pas être compris dans ce calcul. "Mon objectif n'est pas de négocier pour le seul plaisir de négocier. Mon objectif est d'obtenir un traité de paix permanent entre Israël et les Palestiniens, et ce rapidement", a-t-il dit. "Allons-y, en avant", a-t-il ajouté, réitérant des appels déjà formulés par le passé. La rencontre de la Maison blanche est de nature à irriter les Palestiniens, déjà lésés par ce qu'ils considèrent comme un recul de l'administration Obama sur la question des colonies, d'où sans doute la discrétion imposée à la rencontre. Le fait que cette entrevue n'ait été programmée qu'à la dernière minute, à l'occasion d'un voyage de Netanyahu aux Etats-Unis, est un signe évident des tensions qui persistent entre Obama et Netanyahu aux yeux des commentateurs israéliens.