Dans les pays pauvres qui ne sont pas importateurs nets de nourriture, les prix alimentaires demeurent obstinément élevés, en dépit d'une bonne production céréalière mondiale en 2009, indique l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans son dernier rapport Perspectives de récolte et situation alimentaire. Une grave insécurité alimentaire pèse sur 31 pays qui ont besoin d'une aide d'urgence. La situation est particulièrement critique en Afrique de l'Est, où 20 millions de personnes nécessitent une aide alimentaire à cause de la sécheresse et des conflits, souligne la FAO. Malgré une forte diminution des prix alimentaires mondiaux depuis leur niveau record de 2007-08, les prix du blé et du maïs se sont raffermis en octobre et les prix du riz à l'exportation sont nettement supérieurs aux niveaux d'avant la crise. "Pour les plus démunis de la planète qui consacrent jusqu'à 80 % de leur budget familial à la nourriture, la crise des prix alimentaires n'est pas terminée", souligne le sous-directeur général de la FAO, Hafez Ghanem. "Accroître les investissements dans le secteur agricole des pays en développement est désormais une priorité mondiale pour combattre la pauvreté et la faim". La FAO organise un "Sommet de la faim" à Rome du 16 au 18 novembre en cours afin de dégager un vaste consensus sur la réduction immédiate de la faim, en mettant l'accent sur le renforcement des investissements publics et privés dans le développement agricole des pays pauvres. En Afrique de l'Ouest, la production céréalière en 2009 sera en baisse par rapport à la bonne récolte de l'an dernier. Les pluies inférieures à la moyenne ont contraint à réensemencer dans de nombreuses parties de la région et ont provoqué des pertes de bétail au Mali, au Tchad et au Niger, annonce le rapport. Les prix des céréales dans la région demeurent nettement supérieurs aux niveaux d'il y a deux ans, avant la flambée des prix alimentaires. Par exemple, sur les marchés de Bamako (Mali), Ouagadougou (Burkina Faso) et Niamey (Niger), les prix du mil étaient respectivement supérieurs de 35, 42 et 21% à ceux de la période correspondante de 2007. Le riz importé coûtait de 22 à 46% plus cher. La FAO prévient que la réduction escomptée de la production céréalière du Nigéria pourrait déclencher de nouveaux renchérissements des cours céréaliers dans toute l'Afrique de l'Ouest. En Afrique de l'Est, la situation suscite de fortes inquiétudes à cause de prévisions de pertes de récolte et de pâturages dues à plusieurs facteurs: le manque de pluies dans plusieurs régions, la recrudescence des conflits, la perturbation des échanges internationaux et la persistance des prix alimentaires élevés. La production de maïs du Kenya, par exemple, devrait être inférieure de 30% par rapport à l'an dernier. Selon les estimations, quelque 3,8 millions de Kenyans souffrent d'une insécurité alimentaire élevée ou extrême, surtout dans les zones pastorales et agricoles marginales. En Ethiopie, le nombre de personnes nécessitant des secours alimentaires est passé de 5,3 millions en mai à 6,2 millions en octobre. En Ouganda, 1,1 million de personnes requiert une aide alimentaire. Au Sud-Soudan et au Darfour, la sécurité alimentaire de millions de personnes est exacerbée par la poursuite des troubles intérieurs. On estime qu'une aide alimentaire est requise pour quelque 5,9 millions d'habitants. En Afrique australe, en dépit de la bonne récolte céréalière en 2009, la persistance des prix alimentaires élevés dans plusieurs pays a des retombées sur la sécurité alimentaire. En Afrique du Nord, en revanche, la production totale de blé devrait atteindre un nouveau record de 21,5 millions de tonnes, contre 14,3 millions de tonnes en 2008, lorsque la récolte avait énormément souffert de la sécheresse. En Asie, les perspectives de production de riz de 2009 se sont détériorées depuis juillet, compte tenu de pluies de mousson irrégulières dans le principal pays producteur de riz, l'Inde, et des catastrophes naturelles survenues dans d'autres pays (Japon, République de Corée, RPD lao et Sri Lanka). Dalila B.