Le directeur général de Total, Christophe de Margerie, a déclaré, jeudi, que le prix actuel du pétrole, à près de 77 dollars le baril, était injustifié étant donné la faible demande mondiale. "Aujourd'hui, le prix du pétrole peut être à 70 ou 80 dollars, demain il sera même peut-être à 90 dollars. Mais (...) si vous regardez l'offre et la demande, le prix devrait être plus bas", a-t-il déclaré à l'université Columbia de New York. Christophe de Margerie a estimé par ailleurs que la demande en énergies fossiles des pays occidentaux ne retrouverait pas ses niveaux d'avant la crise économique, à l'inverse de l'Asie où elle devrait continuer de croître. En Occident, "la demande ne retrouvera pas les niveaux auxquels elle était récemment, alors qu'en Asie elle continuera d'augmenter", a-t-il dit. Il s'est dit en outre "perplexe" sur l'utilité d'imposer un embargo sur les ventes de gaz à l'Iran, estimant qu'une telle sanction "ne fonctionnerait pas". Notons que selon les chiffres de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), les stocks américains de pétrole brut ont augmenté la semaine dernière. Les stocks de brut ont progressé de 1,8 million de barils à 337,7 millions. Les économistes anticipaient en moyenne une hausse de 600.000 barils. Les stocks d'essence ont augmenté de 2,5 millions à 210,8 millions, alors que le marché les attendait stables. Les réserves de produits distillés, qui incluent le fioul domestique, ont augmenté de 300.000 contre -700.000 prévus par les marchés. Le taux d'utilisation des capacités des raffineries a reculé de -0,7 point à 79,9%. Le marché tablait sur une hausse de 0,2 point. La publication de ces chiffres, qui a eu lieu habituellement le mercredi, avait été retardée de 24 heures par la célébration du Veteran's Day. Notons que dans son rapport mensuel, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), a relevé son estimation de demande mondiale pour cette année à 84,8 millions de barils par jour (mbj), soit un recul de 1,7% sur un an alors qu'elle tablait jusque-là sur une contraction de 1,9%. Cette révision à la hausse est due à une progression de la demande au quatrième trimestre de cette année. Par la suite, la demande devrait monter à 86,2 mbj en 2010, soit une hausse de 1,6% sur un an, grâce notamment à la vigueur des pays émergents. L'agence, qui représente l'intérêt des pays consommateurs, s'inquiète cependant de cette augmentation de la demande qui ajouterait une pression supplémentaire aux prix du pétrole, qui évoluent actuellement autour des 80 dollars, après être tombés à moins de 35 dollars fin 2008 au plus fort de la crise. "Le rebond de la demande mondiale de pétrole pourrait être beaucoup plus limité si la hausse des prix se poursuivait en 2010", estime l'Agence. Selon elle, une trop forte progression des prix de l'or noir pourrait ralentir le rebond de l'économie qui a lieu en ce moment dans la plupart des économies occidentales, et notamment aux Etats-Unis, le premier consommateur de pétrole au monde. S.G.