Le XIXe congrès mondial du pétrole a pris fin jeudi à Madrid sans espoir de voir baisser les prix, qui ont dépassé 146 dollars, alors que les coûts de production explosent, que l'Opep nie tout problème d'offre, et sur fond de tensions géopolitiques dans le Golfe. Le cours de l'or noir s'achemine vers les 150 dollars le baril, avec un record historique à 146,69 dollars jeudi matin. Son prix a plus que doublé par rapport à l'an dernier et bondi de près de 50% depuis le début de l'année. Les participants au Congrès de Madrid, parmi lesquels figurait le gratin du secteur, comme le président de l'Opep, le ministre saoudien du Pétrole, le patron de l'Agence internationale de l'énergie et les patrons des principales majors, ont tous estimé que le pétrole bon marché était terminé. Bon nombre d'entre eux ont aussi déclaré qu'il pouvait grimper beaucoup haut. De Bakou, le P-DG du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller, a d'ailleurs tablé sur un baril “prochainement” à 250 dollars. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a rejeté tout au long du congrès les appels des pays consommateurs à augmenter son offre pour soulager les prix. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui défend les intérêts des consommateurs, elle n'a pas engagé les investissements suffisants pour répondre à la demande future. Le ministre de la première puissance pétrolière mondiale, le Saoudien Ali Al-Nouaïmi, s'est montré confiant dans le fait que le pétrole allait rester incontournable pendant longtemps et s'en est pris vertement à l'engouement pour les énergies renouvelables. “Le pétrole n'a actuellement pas de rival capable de transporter l'humanité de façon sûre, efficace et rentable”, a-t-il dit jeudi. Aux doutes sur les capacités de production, s'ajoute l'explosion des coûts de production à laquelle est confrontée l'industrie pétrolière. “Il ne faut pas s'attendre à ce que les prix baissent fortement” car les coûts de matériel, de main-d'œuvre et d'exploration explosent, a déclaré jeudi le président du brésilien Petrobras, Sergio Gabrielli. Christophe de Margerie, le patron du français Total avait déjà évoqué ce sujet à Madrid en estimant que le coût de production des pétroles exploités dans les territoires lointains ou les eaux profondes, se chiffrait à 80 dollars par baril.