La Banque mondiale a publié récemment un nouveau rapport intitulé "From Privilege to Competition : Unlocking Private-Led Growth in the Middle-East and North Africa" (Des privilèges à la concurrence) sur la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena). Afin de renforcer le développement du secteur privé dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord) [PDF], le rapport mentionne que pour qu'il y ait une croissance durable dans la région Mena il faudrait qu'il y ait davantage d'investissements privés, une meilleure productivité des entreprises et une plus grande diversification des activités pour améliorer la performance du secteur privé. Aussi, selon le même rapport, les pays de la région Mena doivent adopter un programme de réformes visant à réduire l'application de politiques discrétionnaires et favoriser la concurrence. C'est dans ce contexte très prometteur que ce dernier a tenu à mettre en évidence que les réformes mises en œuvre au cours des deux dernières décennies ont permis aux entreprises privées de devenir la principale source de richesses générées par les économies des pays de la région Mena, en dehors des hydrocarbures et des mines. Ainsi, l'impact limité de ces réformes s'explique par le manque d'équité et de prévisibilité dans leur mise en œuvre. Il faut signaler que près de 60% d'entre eux considèrent que les réglementations sont appliquées de manière incohérente et imprévisible. A ce propos le rapport insiste sur la nécessité de réduire le pouvoir discrétionnaire au sein de l'environnement d'affaires dans les pays de la région afin d'encourager davantage les entrepreneurs à investir et d'établir un programme de réformes témoignant d'un engagement crédible à réduire le pouvoir discrétionnaire, Pour cela il faudrait modifier la manière dont les politiques sont établies. A ce niveau, il est dit que s'ils disposent d'un environnement réglementaire propice, les gouvernements peuvent encourager la participation des entreprises dans tous les secteurs de l'économie en éliminant les obstacles formels et informels à la concurrence. Afin de poser les bases solides pour une croissance à long terme le rapport propose une stratégie à trois piliers ; premièrement, les gouvernements doivent réduire les barrières formelles et informelles qui limitent la concurrence. Partout où elles sont, les situations de rentes et de conflits d'intérêt entre responsables publics et investisseurs privés doivent être réduites. Deuxièmement, les réformes doivent être accompagnées du renforcement des institutions chargées de les mettre en œuvre, de réguler les marchés et d'interagir avec les entreprises. Ceci en vue de réduire les immixtions et les pratiques discrétionnaires et arbitraires dans l'application des réglementations. Troisièmement, un nouveau partenariat entre le secteur privé et les gouvernements est nécessaire, afin que tous les acteurs soient davantage impliqués dans la préparation, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques économiques. Seul un partenariat étroit pourra asseoir un consensus autour des réformes et renforcera leur crédibilité et leur efficacité. Un dialogue plus ouvert permettra également de limiter l'influence d'intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général. Selon ce dernier, 40 millions de nouveaux emplois doivent être créés dans la région Mena au cours de la prochaine décennie. Le secteur privé aura un rôle essentiel à jouer dans la transformation des économies des pays de la région Mena en économies diversifiées et vivantes pouvant générer des emplois. Avec un taux d'investissement de 15% du PIB en moyenne, la région Mena se situe loin derrière les régions les plus dynamiques. Les pays les plus performants de la région exportent environ 1500 types de biens, dont la majorité est à faible contenu technologique, lorsque des pays comme la Pologne, la Malaisie, ou la Turquie en exportent près de 4000. En réponse aux réformes précédentes, les investissements dans la région Mena ont augmenté d'un modeste 2 points de pourcentage du PIB, contre 5% à 10% en Asie, en Europe de l'Est et en Amérique latine. Enfin il faut rappeler que près de 60% des chefs d'entreprises sondés estiment que les règlements et réglementations ne sont pas appliqués de manière constante et prévisible. Larabi moumen