Les transferts des migrants du Maghreb continuent de susciter un vif intérêt auprès des banques françaises. Ainsi, la société marseillaise MFTEL, spécialisée dans la vente de cartes téléphoniques, a lancé hier une offre de cartes Visa prépayées destinées principalement aux transferts d'argent entre la France et le Maghreb. Selon le site d'information Econostrum, le pack répondant au nom de Transcash, vendu exclusivement en France (19,90 €) en grande surface (Auchan ), dans les magasins de proximité (Schlecker ) et les maisons de la presse, ainsi que chez les buralistes comprend deux cartes Visa : une noire et une rouge. La première permet au titulaire de la recharger de 50 € à 500 € pour effectuer gratuitement des transferts (par SMS, internet ou appel téléphonique) sur la seconde confiée à un proche en France ou à l'étranger. Chaque chargement de la carte noire coûte entre 5 € et 25 € selon le montant de la recharge. Les deux cartes labellisées Visa permettent de payer chez 29 millions de commerçants présents dans 170 pays.Notons que Meftel qui enregistre un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros, va lancer transcash en Espagne. Avec un transfert d'argent gratuit et un taux de change euro/monnaie locale forfaitaire de 2,5% de la somme dépensée, Transcash s'implante en opérateur low-cost sur le marché des Maghrébins résidents en France, dominé par Western Union et La Poste. La société mise sur la vente de 100 000 packs en 2010. "Nous prévoyons de nous étendre prochainement chez Casino, Cora et Relay. Nous envisageons également de lancer Transcash en Espagne", précisent Henri Riou, directeur commercial de MFTEL, et Thierry Bricman, chef de projet Transcash. L'idée est importée des Etats-Unis où Transcash Corporation propose depuis sept ans des cartes Visa et Mastercard pré-payées avec 8,7 mds$ chargés par les consommateurs en 2008. Notons que Meftel n'est pas la première société française à s'intéresser de près aux transferts des migrants. En effet, l'Afrique du Nord constitue depuis quelques années une "zone stratégique", pour le développement international de ces établissements, présents aussi bien au Maroc, en Algérie et en Tunisie. L'enjeu de cette présence est double car il s'agit d'accompagner les populations étrangères résidant en France et capter le marché des transferts de fonds en direction de leurs pays d'origine. En 2008, les transferts de fonds en provenance de France se sont élevés, par exemple, à 4,7 milliards d'euros en direction du Maroc, 1,5 milliard pour l'Algérie et 1,3 milliard pour la Tunisie, soit respectivement 9%, 1,6% et 4,9% de leur produit national brut. De quoi susciter bien des ambitions. Ainsi, dans le cadre du projet de création d'un instrument de financement de projets de développement en Méditerranée, dix établissements financiers, rejoints par la Banque africaine de développement (BAD), se sont constitués en comité présidé par la Caisse d'épargne française, lequel prévoit de mettre en place un mécanisme visant à faciliter les transferts d'argent des migrants de leurs pays d'accueil vers leurs pays d'origine. Cette offre vise 3,5 millions de personnes (dont 2,5 millions en France) et porte sur un flux de transferts estimé à 10 milliards d'euros. Par ailleurs, la banque française Société générale consolide un réseau susceptible de canaliser les transferts et les investissements immobiliers des migrants dans leurs pays d'origine. Et plusieurs banques leur emboîtent le pas. La Banque mondiale prévoit pour 2009 une baisse de 7,3% des fonds à destination des pays en développement, à 305 milliards de dollars, contre 328 milliards de dollars en 2008. Les montants en restent malgré tout colossaux, estime le journal, précisant que 22 milliards d'euros devraient être transférés vers l'Afrique du Nord en 2009. Isma B.