Le Cheikh Rabah Saâdane et son équipe ont offert une joie inoubliable aux Algériens en se qualifiant à la Coupe du Monde 2010. Le superbe but de Antar Yahia à la 40e minute du match a permis à l'Algérie de connaître la victoire face à l'Egypte. Le Cheikh, comme ses protégés aiment à l'appeler, a encore une fois prouvé mercredi soir qu'il reste un grand maître dans l'art difficile de mener des équipes nationales à la qualification à un mondial. La carrière de Saâdane, avec cette qualification venue de cette terre chaude et si accueillante d'Afrique, prend une envergure absolument extraordinaire, celle d'un grand entraîneur. En l'espace de 27 ans, ce natif de Batna a qualifié à deux reprises l'Algérie à un mondial. Il a également rendu le rêve de millions d'Algériens une réalité et doublement en leur donnant la joie de savourer une si belle revanche contre l'Egypte, qui avait éliminé sur le même score les Fennecs pour le Mondial de 1990. Ce pur produit de l'Institut des sciences et de la technologie des sports (ISTS) de Ben Aknoun, aujourd'hui âgé de 63 ans, accumule les succès ; il a offert dans cette belle ambiance d'une soirée africaine à Khartoum un si précieux cadeau à la jeunesse algérienne : la fierté d'appartenir à un pays d'Hommes. Ancien footballeur (MSP Batna, MOConstantine, JSEl Biar, USMBlida et Rennes-France), il devient, à la suite d'un malheureux accident, un entraîneur qui, à partir de 1976, va réussir une fabuleuse success-story, digne des grands coachs internationaux. Et, là où Saâdane met la main tout devient brillant. Saâdane est de l'or en barre, un fabuleux créateur de succès, même si parfois il a beaucoup souffert de l'incompréhension de son entourage. Est-ce ainsi un hasard si cet homme se verra confier par les structures fédérales de l'époque la sélection nationale en 1999, 1981-82, 1984-86, 2003-2004 et enfin en 2007? L'homme, comme pour donner de la texture, de la consistance à sa carrière, voyage beaucoup. Il est sollicité par plusieurs grands clubs arabes et maghrébins. Homme aux grandes qualités humaines, avec une sensibilité à fleur de peau, il dirigera la sélection nationale du Yemen, puis des clubs en Arabie Saoudite, en Tunisie et au Maroc où il gagne un titre africain avec le Raja de Casablanca. Et puis, l'homme est surtout connu pour avoir été le premier entraîneur algérien à mener une sélection nationale à un Mondial: c'était en 1979 lorsqu'il avait qualifié les juniors à la coupe du Monde au Japon. Cet homme au grand charisme, à qui ses amis comme ses ennemis lui reprochent de rester stoïque sur son banc de touche et ne pas s'énerver quand son équipe se fait malmener, fera partie du staff qui a qualifié l'Algérie au Mondial espagnol (1982). Avant de prendre le commandement du navire algérien pour le mener à bon port au Mondial mexicain, quatre années après l'odyssée de Gijon. Pour toutes les équipes qu'il a coachées, c'est l'homme providence: il a une ''baraka'' que peu de techniciens peuvent se targuer d'avoir. Sans être tout à fait un sorcier, il est simplement un enfant du football, d'abord un défenseur hargneux, ensuite un entraîneur besogneux. Et, surtout, un meneur d'hommes. Nassima Bensalem